La rebelle
Publié chez Belfond
et Chez Pocket
2005
Quatrième de couverture: Mattie Gokey, seize ans, a une passion: Les mots. Depuis sa plus tendre enfance, elle les collectionne, écrit, encore et toujours, pour oublier la dure réalité.
Comme la douleur encore fraîche de la mort de sa mère, la lourde charge d'élever ses soeurs, la tristesse de voir son père se tuer à la tâche pour faire tourner la ferme ou ses sentiments contradictoires envers Royal Loomis. Seuls ses rêves secrets l'aident à tenir: réussir ses examens, partir étudier à New York, devenir écrivain.
Pourtant, lorsqu'on ramène le corps d'une noyée à l'hôtel où elle travaille, Mattie perd confiance: les mots ne serviraient-ils à rien? Qu'a-t-il pu arriver à cette jeune femme qui ne demandait qu'à vivre? C'est grâce à la lecture des lettres d'amour déchirantes de la morte que Mattie va retrouver sa voix, ainsi que la force d'accomplir son destin.
Mon avis: J'ai beaucoup aimé la construction de ce roman. D'abord certain titre des chapitre porte le "mot du jour". Mattie apprends un nouveau mot par jour et se débrouille pour le placer dans une phrase au cour de la journée. Plutôt amusant comme idée!
Un extrait ...p.34 a.bé.cé.daire
"Si le printemps avait un goût, il aurait la saveur des pousses de fougère. Vertes, fraîches et croquantes. Riches en sels minéraux, comme la terre qui les nourrit. Lumineuses, comme le soleil qui les fait germer. Weaver et moi, nous étions sensés les cueillir. Nous comptions en remplir deux seaux - un que nous nous partagerions, l'autre que nous vendrions au cuisinier de l'hôtel d'Eagle Bay -, mais j'étais trop occupée à m'en régaler. C'était plus fort que moi. J'avais faim de verdure après des mois de vieilles pommes de terre et de haricots en conserve.
- Foijis...Choi...sis un mot, Weaver, articulai-je laborieusement, la bouche pleine.
- Les cochons de ma mère sont mieux élevés que toi. Pourquoi ne finis-tu pas de manger avant de parler?
J'obtempérai. Mais seulement après avoir croqué quelques pousses de plus et m'être béatement pouléché les babines en roulant les yeux d'aises. Un vrai délice. Papa et Amy les aiment poêlées au beurre, avec du sel et du poivre, mais je les préfère nature, fraîchement cueillies.
- Choisis un mot Weaver, répétai-je. Le gagnant fait la lecture, le perdant termine la cueillette.
* * *
Les jeux de mots sont très présents tout au long du livre. De plus, l'auteur s'est inspirée d'un fait divers réel: L'histoire de cette femme retrouvée noyée.
Alors, il y a l'histoire de Mattie, et l'histoire de ce fait réel, début XXe siècle. Il y a la vie à la ferme, à l'hôtel dans l'Etat de New York, l'endroit où elle travaille. Un bon roman de détente, bien écrit et bien construit.
Un extrait: "À l'arrivée de l'été dans les forêts du Nord, le temps ralentit sa course. Parfois même, on le dirait suspendu. Le ciel, gris et menaçant la majeure partie de l'année, devient alors un océan d'azur si vaste et lumineux que l'on ne peut s'empêcher d'interrompre son ouvrage pour l'admirer, de lever la tête du fil à linge où l'on étends les draps, ou du boisseau de maïs que l'on égrène sur les marches de la cuisine. Des bouleaux monte le chant des grillons comme un appel à s'abriter du soleil sous les frondaisons, et la chaleur alanguit l'air saturé de parfums balsamiques."
Bonne lecture!
Petite note: Ce billet est recyclé. Je l'ai publié au tout début de mon blog. Un bon roman et ce serait dommage de le rater! :)