Vers le large
TOME 4
Edition Thierry Magnier
282 pages.
Quatrième de couverture: Les années ont passé pour Steffi et Nelli. La fin de la guerre devient réalité avec le retour des premiers rescapés des camps de la mort. Alors que Nelli espère ardemment être adoptée par sa famille d'accueil, Steffi, de son côté achève ses études et vit son premier amour. Petit à petit, les deux soeurs imaginent qu'elles vont devenir suédoises. Leur vie leur semble désormais dans ce pays. Mais une lettre vient bouleverser ce fragile équilibre.
* * *
Mon avis: Je peux maintenant affirmer que ce roman (le dernier des 4 tomes) est excellent. Encore meilleur que tous les autres. Je dis Bravo à l'auteure qui a su garder mon intérêt jusqu'au bout. La fin de la guerre entraînera d'autres choix, d'autres situations, des attachements, des détachements...pour Steffi et Nelli. La vie suit son cours et les effets secondaires de la guerre se font sentir.
Un extrait qui m'a bouleversé: Judith, une amie chère à Steffi, retrouve sa soeur dans un petit hôpital après la guerre. Elle est très mal en point. Les jours passent et un jour Steffi appelle Judith pour avoir des nouvelles. C'est Mme Odelberg (la logeuse de Judith) qui répond et demande à Steffi si elle peut passer voir Judith qui s'est enfermée dans sa chambre.
P. 221 -
- Elle n'est pas allée travailler?
- Non
- J'arrive tout de suite.
Steffi raccroche, paie la communication et grimpe l'escalier quatre à quatre pour prévenir Maj. Dix minutes plus tard, elle monte dans le tram.
Judith, Judith! Que lui est-il arrivé?
Elle n'a presque pas le temps de sonner que Mme Odelberg lui ouvre. Visiblement, elle était pressée de la voir arriver. Steffi se précipite vers la chambre de Judith, frappe à sa porte verrouillée en criant:
- Judith! Ouvre! C'est moi!
Pas de réponse.
- Avez-vous une autre clé?
La vieille dame opine lentement de la tête.
- Si j'arrive à la retrouver.
Elle se dirige vers la cuisine en claudiquant et fouille dans les tiroirs et les placards. Ça dure une éternité. Au moment où Steffi envisage d'appeler la police, ou une ambulance, ou un serrurier, Mme Odelberg se retourne en brandissant triomphalement la clé.
- La voilà!
Par chance, Judith n'a pas laissé la sienne dans la serrure. Steffi déverrouille la porte, abaisse la poignée et se prépare à une vision affreuse. Elle entend Mme Odelberg bouger nerveusement derrière elle.
Judith est absolument immobile.
Steffi respire profondément et avance jusqu'au lit. Judith ne réagit toujours pas.
"Elle est morte" se dit Steffi.
Elle devine sa joue sous la couverture et l'effleure de sa main.
Sa peau est chaude. Elle reprend espoir.
- Judith!
Steffi la saisit par l'épaule et la secoue.
- Judith! Réveille-toi!
En voyant Judith se retourner, elle ressent un immense soulagement. Pour commencer. Le choc est brutal quand elle découvre qu'il ne reste plus rien de sa chevelure blonde et frisée. Plus un seul cheveu. Le rasoir a laissé des traces de sang séché sur son crâne.
- Judith! Que s'est-il passé? Qu'as-tu fais à tes cheveux?
Le regard de Judith est vide. Elle passe ses mains sur sa tête chauve et laisse échapper un petit rire étrange.
- C'est comme ça qu'ils doivent être.
- Quoi donc Judith? Que veux-tu dire?
à suivre...
Un roman tellement humain et avec une fin réaliste, déchirante pour Steffi et Nelli. Je donne un 9/10!
Je vous le recommande. Vraiment!