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La maison de Millie
16 novembre 2011

Lettres de Menabilly - Portrait d'une amitié

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Publié chez Albin Michel

1993

395 pages.

Quatrième de couverture:  "Dans Rebecca, la narratrice c'était moi", avoue Daphné du Maurier dans sa correspondance à Oriel Malet.  Daphné du Maurier est au sommet de sa gloire lorsqu'elle rencontre la jeune femme, de vingt ans sa cadette.  Oriel Malet vit alors à Paris où elle fait ses débuts d'écrivain et côtoie le milieu artiste et bohème de l'après-guerre.  De Menabilly, la propriété des du Maurier en Cornouailles qui inspira Manderley, lui parviennent régulièrement ces lettres publiées ici pour la première fois. 

La grande romancière anglaise se livre avec franchise, raconte pêle-mêle les évènements de sa vie aux côtés de son mari, trésorier du duc d'Edimbourg, et de leurs trois enfants, dépeint avec un vrai talent de caricaturiste les gens et les moeurs du milieu dans lequel elle évolue, révèle de précieuses anecdotes sur ses sources d'inspiration. 

Derrière la liberté de ton, l'humour et la désinvolture, elle avoue aussi ses secrètes hantises et ses ambiguïtés, une vie tourmentée et passionnée aux prises avec les démons de l'imagination.  Daphné du Maurier nous donne ainsi d'elle-même un portrait inédit, complexe et attachant, saisi au vif de son intimité.

* * *

Mon avis:  Un bel ouvrage présenté par Oriel Malet, qui entrecoupe les lettres de ses propres récits, points de vue, et commentaires.   Donc le livre ne contient pas que les lettres les unes à la suite des autres, comme la plupart des correspondances publiées. 

Et un fait bizarre aussi qui m'a étonné et que je ne savais pas, c'est que ces deux dames lisent aussi Katherine Mansfield.  Quand je les ai placé côte à côte sur le billet du 6 novembre, http://lamaisondemilly.canalblog.com/archives/2011/11/06/index.html   j'ignorais totalement ce fait. 

D'ailleurs à la première lettre de Daphné à Oriel, en commençant, elle lui écrit qu'elle est en train de lire un livre écrit par le mari de Katherine Mansfield. 

Par exemple dans un commentaire d'Oriel p. 53.

"Je ne partageais pas la passion de Daphné pour Bacon, et elle se montrait réticente à propos de mon amour pour le Dr Johnson et Madame de Sévigné, mais nous étions toutes les deux tombées, à des époques différentes, sous le charme de Katherine Mansfield.  Pour Daphné, cela datait de son enfance, quand elle avait remarqué que la fenêtre  de la nursery de nuit de leur maison de Hampstead donnait sur l'arrière de la maison d'en face; une lampe y était toujours allumée lorsqu'elle se couchait.  Elle la saluait le soir avant de se mettre au lit et elle découvrit des années plus tard qu'il s'agissait de la demeure londonienne des Murray, "The Elephent", et que la lumière était celle de la propre chambre de Katherine Mansfield.  Souvent elle se demandait ce qui serait arrivé si elle était allée un jour sonner à la porte qui donnait dans Acacia Road, ajoutant tristement:  "Maintenant nous ne le saurons jamais!"

p. 64 - Un passage sur les recherches qu'Oriel faisait pour Daphné,

"J'acceptai, sur la requête de Bing*  de trouver de nouveaux éléments sur l'insaississable Mary-Ann, mais une fois au bureau des archives, ou au British Museum, je me laissais toujours distraire de mon sujet.  Derek Whiteley, le chercheur officiel de Daphné, me traitait avec une aimable condescendance, et nous nous entendions bien; pourtant il se demandait clairement pourquoi Bing, avait jugé nécessaire de demander mes services.  La salle de lecture du British Museum était un lieu fascinant, un monde à l'intérieur du monde des personnages délicieux s'y réfugiaient, dont une ancienne autorité sur l'apiculture médiévale.  Il était heureux comme un abeille, étudiant la pile de livres dans un coin tranquille."

* À noter que tous les proches de Daphné du Maurier incluant elle-même, avait un ou plusieurs 'petit nom' ou surnom.

p. 65 - Un passage intérêssant à propos des 'Brontë',

"D'une boîte de soldats de bois dont Mr Brontë avait fait cadeau au petit Branwell âgé de neuf ans, avaient surgi les mondes imaginaires de Gondal et d'Angria, cause du malheur des Brontë, car dans la vie adulte elles ne parvinrent jamais à s'en libérer.  Charlotte cherchait refuge dans les chroniques d'Angria chaque fois que la vie devenait insupportable, et avait ensuite de terribles accès de culpabilité.  Emily, sans être troublée par sa conscience, s'immergeait dans l'univers de Gondal, le pays de son esprit, jusqu'au jour où l'inspiration lui fit défaut, et où elle mourut.  "Gondal" devint notre code pour tout ce qui était simulation et apparence, consciente ou pas."

"Daphné avait toujour rêvé de visiter Haworth, et elle nous proposa de l'accompagner, à Flavia et à moi.  À cette époque, le presbytère était encore un lieu tranquille, à l'écart du monde.  Haworth était tel que les Brontë l'avaient connu - un village rocailleux et austère, mais, vu de l'intérieur, chaleureux et amical. "....

Ajouté à cet ouvrage 16 pages de photos de Daphné du Maurier. Et naturellement toutes ces lettres à Oriel!

À tous les amateurs de Daphné, vous y trouverez sûrement un grand plaisir à lire ce livre.  Un beau complément à ses romans.

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