Jalna - Tome 5

Dernier chapitre du tome 5 - NOËL -

   A Jalna Meg et sa grand-mère étaient dans le salon occupées à fouiller dans une boîte de décorations pour l'arbre de Noël.<...>  Aucun membre de la famille ne pouvait voir cette boîte sans éprouver que Noël approchait et que l'on allait procéder au derniers rites.

   Adeline séparait un poisson d'argent d'une guirlande de clinquant.  Meg à l'aide d'un coin de son mouchoir mouillé du bout de sa langue, lavait le visage du chérubin.  L'air était chargé du parfum de l'arbre et des rameaux odoriférants qui avaient été posés autour des portraits suspendus aux murs.  Un panier, près de la fenêtre, était bourré de cartes de Noël non encore décachetées."  p.425

 

P. 435 -Tandis qu'à la maison Vaughan surprenons Pheasant...la fille de Maurice.  Elle vit seule avec Mrs Clinch sa gardienne et  son père qu'il lui porte une sorte d'indifférence.

   "Elle était seule avec l'arbre.  Le soir était venu, Pheasant était restée debout plus tard que de coutume, mais il lui fallait le contempler une fois encore avant d'aller au lit.

   L'arbre se dressait, rond et touffu, et plein de mystère, comme s'il se trouvait encore dans les bois.  Il avait ses racines et on pourrait le replanter; il lui semblait merveilleux de savoir qu'il n'était pas destiné à mourir.  Elle le garderait toute sa vie et lorsqu'elle aurait des enfants, elle le leur désignerait, là-bas, si grand et majestueux et elle leur dirait:  "Ce fut mon premier arbre de Noël au temps où j'étais petite fille."  Ce serait sans doute aussi le dernier.  Elle ne pensait pas pouvoir en désirer jamais un autre.  La joie qu'il lui donnait était trop émouvante, elle lui faisait mal.

   Maurice avait acheté de si jolies décorations, mais il avait oublié les bougies.  Ça n'avait pas d'importance, car Mrs Clinch avait horreur du feu.  Pourtant Pheasant avait été à la cuisine chercher la paire de vieux chandelier de cuivre sur le manteau de la cheminée.  Elle y mit des chandelles et les alluma.  Comme les petites flammes brillaient d'un éclat surnaturel!  Leur doux rayonnement atteignait le moindre recoin de l'arbre.  Les rameaux dispensaient leurs parfums, on eût dit le souffle même de Noël!  Les paquets pas encore ouverts étaient rassemblés sous les branches basses, ses cheveux bruns massés de chaque côté de son visage tandis que la lueur des bougies se reflétait dans ses yeux, et elle chanta de sa grêle et douce voix:

Dans la cité royale de David

Il y avait une modeste étable

Une mère y coucha son enfant

Dans une mangeoire comme berceau

Marie fut cette douce mère

Jésus-Christ le petit enfant.

   Le parfum de l'arbre montait comme un encens.  De la route, lui parvenaient les sonneries des traîneaux.

Fin du tome 5