84, Charing cross road

Un joli billet chez Niki ici

Le film - le roman - les mots - les livres - la correspondance - l'amitié - l'amour?

Un roman inévitablement prédestiné à se retrouver sur à peu près tous les blogs littéraires un jour ou l'autre.

Heureux temps où la correspondance tissait des liens plus intimes de par le fait que pour moi du moins, la correspondance est le langage d'esprit à esprit.  Pouvoir écouter en lisant l'auteur de la lettre, ne jamais se faire couper la parole en écrivant la lettre.

Le silence est d'or. 

Cette semaine, j'ai eu à envoyer un colis accompagné d'un petit mot. 

J'ai eu très envie, de retourner en arrière et d'utiliser pour la première fois un porte-plume et la bouteille d'encre.  Vous savez ces pointes qu'on fixent dans le manche finement tourné et qu'on trempe dans la bouteille.  Il faut écrire lentement, je manquais d'assurance.  Avoir le temps de réfléchir à ce que l'on veut vraiment exprimer à la personne, choisir ses mots... j'ai trouvé l'expérience fort agréable, mais me suis sentie si maladroite, dû à la vitesse auquelle nous sommes accoutumées.  Petit hic! je crois que ma pointe est trop fine. Mais ce détail se corrige facilement! 

Ce billet est un peu n'importe quoi, du fait que ce roman au départ, m'inspire tellement de bons moments passés avec mes livres.

Justement, on en a fait une jolie réédition

   

Résumé:  Par un beau jour d'octobre 1949, Helene Hanff s'adresse depuis New York à la librairie Marks & Co., sise 84, Charing Cross Road à Londres.  Passionnée, maniaque, un peu fauchée, extravagante, Miss Hanff réclame à Frank Doel les livres introuvables qui assouviront son insatiable soif de découvertes.  Vingt ans plus tard, ils s'écrivent toujours et la familiarité a laissé place à l'intime, presque à l'amour.

Drôle et pleine de charme, cette correspondance est un petit joyau qui rappelle avec une délicatesse infinie toute la place que prennent, dans notre vie, les livres et les librairies. 

De savoir que ses livres sont logés dans des caisses d'oranges, me fait penser à l'éternel classage des livres de la maison.  Presqu'aussi important que les livres eux-même. 

Un autre passage que je n'ai pas oublié (j'ai lu ce livre plus exactement en février 2004) C'est inscrit à la dernière page au crayon de plomb.  Déjà 9 ans le mois prochain!

25 mars 1950

"Je me suis arrangée avec le lapin de Pâques pour qu'il vous apporte un Oeuf, mais quand il arrivera chez vous il découvrira que vous êtes morts d'Apathie.

Avec le printemps qui arrive, j'exige un livre de poèmes d'amour, Pas Keats ou Shelley, envoyez-moi des poètes qui peuvent parler d'amour sans pleurnicher - Wyatt ou Jonson ou autre, trouvez vous-même.  Mais si possible un joli livre, assez petit pour que je le glisse dans la poche de mon pantalon pour l'emporter à Central Park."

Les images se bousculent dans ma tête à la lecture de ce passage.  Le plaisir de se retrouver sur un banc de parc au printemps avec son  livre de poche qui accompagne ces intants de recueillement avec le réveil de la nature.  Une solitude heureuse et choisie, le temps d'une lecture aimée.  Être dans un parc et  dans une bulle à la fois. 

Voici la réponses qui suit à cette lettre:

7 avril 1950

Chère Mademoiselle,

"Je vous remercie pour ce colis de Pâques qui est arrivé hier et nous a fait grand plaisir. <..>

Je suis désolé que nous n'ayons été en mesure de vous envoyer aucun des livres que vous avez demandés.  Pour ce qui est du livre de poèmes d'amour, il nous arrive de temps en temps d'en avoir un qui corresponde à votre description.  Pour le moment, nous n'en avons pas en sock mais nous allons en chercher un pour vous.

Encore mille mercis pour le colis."

Frank Doel

*

7 avril 1950

Chère Mademoiselle,

"Chaque fois que je vous envoie une facture, je meurs d'envie d'y joindre subrepticement un petit mot, mais Frank pourrait trouver cela inconvenant de ma part, aussi je vous serais reconnaissante de ne pas lui parler de cette lettre.  Cela peut paraître un peu collet monté et pourtant Frank ne l'est pas du tout, en fait il est très gentil, vraiment très gentil, c'est seulement qu'il vous considère plutôt comme sa correspondante personnelle, du fait que toutes vos lettres et colis lui sont adressés.  Mais j'ai juste pensé que j'aimerais bien vous écrire de mon côté.

Nous adorons tous vos lettres et essayons d'imaginer à quoi vous ressemblez.  J'ai décidé que vous étiez jeune, très raffinée et très élégante.  Le vieux M. Martin pense que vous devez avoir l'air intellectuel en dépit de votre merveilleux sens de l'humour.  Vous ne pourriez pas nous envoyer une petite photo?  Ça nous ferait vraiment plaisir de l'avoir.  Si vous êtes curieuse à propos de Frank, sachez qu'il a entre trente-cinq  et quarante ans, qu'il est plutôt bien de sa personne, qu'il est marié à une jeune Irlandaise très charmante, qui est sa seconde femme, je crois.

Tout le monde vous est tellement reconnaissant pour votre colis.  Mes enfants (une fille de 5 ans et un garçon de 4 ans) étaient aux anges:  avec les raisins secs et l'oeuf, j'ai pu leur faire un gâteaux!

J'espère que le fait que je vous ai écrit ne vous aura pas choquée.  Surtout, n'en parlez pas à Frank lorsque vous lui écrirez.

Bien amicalement

Cécily Farr

ps:  Je vais mettre mon adresse au dos au cas où vous désireriez que je vous envoie quelque chose de Londres.

*

Voici sa réponse:

10 avril 1950

Chère Cecily,

"Au diable le vieux M. Martin!

Dites-lui que je suis si peu intellectuelle que je ne suis même pas allée à l'université.  Simplement, il se trouve que j'ai une passion pour les livres grâce à un professeur de Cambridge nommé Quiller-Couch (dit Q1) sur lequel je suis tombée dans une bibliothèque quand j'avais 17 ans.

Je suis à peu près aussi élégante qu'une mendiante sur Broadway.  Je suis toujours vêtue de pulls mités et de pantalons de laine parce qu'on n'a pas de chauffage ici pendant la journée.  C'est un immeuble de cinq étages en grès brun. Comme tous les autres locataires partent travailler à 9 heures du matin et ne rentrent pas avant 6 heures du soir, pourquoi est-ce que le propriétaire chaufferait tout l'immeuble pour une seule personne, une petite lectrice/auteur de scripts qui travaille à domicile, au rez-de-chaussée?

Pauvre Frank, je lui donne tellement de mal, je suis toujours en train de l'enguirlander pour une chose ou une autre.  Je plaisante, mais je sais qu'il me prendra au sérieux.  J'essaie tout le temps par mes piques de percer cette réserve britanique si caractéristique, s'il attrape un ulcère, ça sera ma faute. 

Écrivez-moi, je vous en prie, et parlez-moi de Londres, je rêve du jour où je descendrai du train-paquebot et où je poserai le pied sur ses trottoirs crasseux.

Je voudrais remonter jusqu'à Berkeley Square, descendre Wimpole Street, rester debout dans la cathédrale Saint-Paul où John Donne a prêché, m'asseoir sur la marche où Élizabeth s'est assise lorsqu'elle a refusé d'entrer dans la Tour de Londres, etc.  Un journaliste que je connais, qui était en garnison à Londres pendant la guerre, dit que les touristes viennent en Angleterre avec des idées préconçues, si bien qu'ils trouvent exactement ce qu'ils sont venus chercher.  Je lui ai dit que j'aimerais aller à la recherche de l'Angleterre de la littérature anglaise et il m'a répondu:

"Elle y est bien."

Bien cordialement -

Helene Hanff

*

Comment ne pas avoir envie de poursuivre cette chaleureuse correspondance.  Je garde mon exemplaire tout près pour y retourner le temps d'une lettre.

Ce billet m'amène à vous posez des questions...

Est-ce que vous avez un format de livre qui vous attirent plus qu'un autre? Personnellement, j'ai un faible pour les petits formats reliés, un peu vieillot ou sous jaquette de papier... et vous?

Vous êtes influencés par la présentations d'une couverture, le titre... ?

Vous aimez les romans épistolaires?

Est-ce que vous écrivez dans les marges de vos livres, vous aimez un livre qui a du vécu ou il doit rester comme neuf?

Comments

[milly123]

@Aline, Tu aimeras sûrement. Je suis présentement dans Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates. J,aime bien, mais je crois que je préfère 84 Charing Cross Road.

C'est vrai que les livres de poches s'apportent bien! :)

[Aline1102]

J'attends avec impatience que ma maman l'ait lu (il est dans sa PAL, mais comme elle est aussi monstrueuse que la mienne...), je le lui emprunte dès qu'elle l'a fini ! :-D J'aime beaucoup les romans épistolaires : c'est une façon très spéciale de présenter les personnages et le décor de l'action.

Au niveau des formats, j'ai un faible pour les livres de poche que je peux transporter partout avec moi. Je les glisse dans mon sac et je suis parée pour la journée. :-)

[Milly]

@Pistache, Quel joli pseudonyme! :) Bienvenue chez moi. Ce doit être impressionnant en effet lorsqu'on se retrouve devant un lieu fictif qui se transforme en réel.. C'est sûrement émouvant. Oui, il y a la suite, lorsqu'elle pourra faire le voyage jusqu'à Londre.

C'est bien de noter les beaux passages dans un carnet. Je me promets toujours de le faire, mais par urgence, j'y vais sur des feuilles volantes! Mais un jour, je vais les remplir mes carnets.

Vraiment, le blogs peuvent remplir des listes à faire peur! :D

[Pistache]

J'ai vu le film que j'avais beaucoup aimé. J'ai très envie de lire le livre. J'ai eu une pensée émue lorsque je suis passée sur Charing Cross à Londres. Je ne savais pas qu'il y avait un deuxième livre cependant. Je n'écris pas dans mes livres, mais je note les passages qui me plaisent le plus dans un petit carnet. Je ne choisis pas vraiment mes lectures pour la couverture. J'y vais plutôt avec les auteurs ou les résumés à l'endos. Ey bien sûr je me fie à ma liste de livres à lire qui contient une quantité impressionnantes de titres!

[milly123]

@Lou, Le film est très agréable aussi! Je me le réserve pour bientôt. Je l'ai vu mais il y a longtemps! Bonne fin de journée! :)