de Mère en Fille
Les éditions de saxe
Photographies de Catherine Grattwicke
Octobre 2011
176 pages
Mon avis: Cette fois, je préfère vous transcrire l'introduction,(plutôt que la quatrième de couverture) de ce bel ouvrage saisonnier, mais qui se veut d'abord printanier. N'est-il pas question de Mars ce matin? Regarder ce genre de livre, est pour moi un voyage au pays domestique. Connaître les moeurs, les coutumes, les manières de faire, dans ce cas-ci en Angleterre. Un de mes livres du dimanche après-midi. :) C'est assez rare que je vais essayer un remède, ou les trucs suggérés, mais c'est plus fort que moi, il y a dans ces mots, dans ces photographies magnifiques, l'élan qui me manque pour redonner à ma maison un air de printemps! :)
TRADITIONS TRANSMISES DE MÈRE EN FILLE
"Ainée d'une fratrie de six enfants, je suis née au mois de janvier. Mon père était anglais, ma mère sud-africaine. C'était une femme aux yeux noirs, aux cheveux bruns et épais; descendante des huguenots de France, autrefois fermiers, qui avaient bâti leurs maisons dans les vallées fertiles du Cap de Bonne-Espérance.
Nous avons passé une enfance dans le style Enid Blyton, au coeur du paradis subtropical de l'Afrique du Sud. Pendant les nombreux après-midi caniculaires, nous avons marché en compagnie de nos nounous Xhosa, le long de sentiers qui semblaient disparaître dans le bush, pour trouver et apaiser un "Tokoloshe" *, ou pour cueillir des feuilles de vinaigrier: elles étaient aussi appréciables pour nous que les graines de cerfeuil musqué de notre jardin anglais l'étaient pour mes enfants.
En Afrique, la tradition veut que le premier petit-enfant passe beaucoup de temps avec sa grand-mère. La mienne, une ménagère attentive qui ne gaspillait rien, vivait à l'ancienne. Elle travaillait comme couturière, à la maison, et occupait son temps libre à cultiver son jardin et son verger. Dans cette luxuriance, je me souviens des carrés d'ananas, de mangues et de citronniers, des lits de voluptueuses tomates orange et rouges aux formes étranges et des citrouilles rampantes ainsi que des plants de patates douces. Au fil des saisons, ma grand-mère me disait: "Nous allons préparer du pain, faire des confitures, des gelées et des conserves." Elle m'a montré comment confectionné une crème pour les mains parfumée à l'huile d'amande à partir de cire d'abeille fondue, et comment former un cataplasme en écrasant du savon jaune avec du sucre, pour retirer les échardes. Elle faisait pousser de la menthe sur le rebord de sa fenêtre pour dissuader les mouches et gardait un mouchoir imprégné d'eau de lavande à portée de main pour soulager d'éventuels maux de tête.
Les années sont passées et en 1979, j'ai voyagé de la pointe sud-africaine jusqu'à la ville de Burry St Edmunds dans le Suffolk, en Grande-Bretagne. Je suis arrivée avec mes trois enfants et une machine à coudre. J'ai loué une maison de jardinier qui tombait en ruine et ai investi dans une demi-douzaine de poules et quelques plants de tomates. C'était le printemps et les ruelles étaient bordées de jonquilles dorées. J'ai inscrit mes enfants les plus âgés à l'école du village, acheté des exemplaires de Food for Free de Richard Mabey, Wild Food de Roger Phillips, Lakrise to Candleford et Self-sufficiency de John Seymour, et commencé à bêcher le jardin.
La jeune fille sud-africaine a grandi et, depuis, je me suis pliée au mode de vie à l'anglaise. À cette époque, je cultivais mon jardin, cuisinais de merveilleuses confitures et gelées, préparais de délicieux fromages moelleux et j'ai même récolté, une année, suffisamment de carottes pour nourrir la communauté! J'ai fait tant d'expériences depuis que les enfants ont grandi...
J'ai hérité de cette curiosité naturelle et de cette soif d'apprendre, si présentes chez ma mère et ma grand-mère. Aujourd'hui, je lis, j'écris, je peins, je cuisine, et lorsqu'en automne j'entends le vol des oies sauvages, je sais que j'ai atteint une véritable satisfaction. Ce printemps, je sèmerai un nouveau jardin."
* Tokoloshe est un démon incube de la culture des Zoulous