Le Bal des Dragons
Albin Michel
2010
Quatrième de couverture: Creel doit se faire attaquer par un dragon, être sauvée et épousée par un prince fortuné et courageux, et ainsi sauver sa famille de la ruine.
Mais rien ne se passe comme prévu : Theodarus, le dragon, en a assez d'attaquer les demoiselles et propose une paire de chaussures à Creel. Celle-ci choisit des escarpins bleus qui se révèlent magiques.
Premier roman.
Un petit résumé: Orpheline et rejetée par sa tante adoptive, Creel se retrouve devant la grotte d'un dragon. Elle n'y croit pas mais, il s'avère que la grotte abrite réellement deux dragons de 770 ans et quelques poussières. C'est là qu'elle fera la connaissance de Théophorus et Amacarin qui vit dans une marre d'eau boueuse. Afin que Creel puisse continuer sa route jusqu'à la cité royal ou elle veut offrir ses services de brodeuses, Théophorus qui collectionne les souliers, lui offre la paire de son choix. Sans le savoir, elle choisit les plus cher au coeur de Théophorus. Ceux à plumes bleus. De toutes façons ce sont les seuls qui lui vont parfaitement. Il est déçu mais comme il a promis, il la laisse partir avec ces souliers magiques.
Elle marche durant 3 semaines. Elle mange à peine, en échangeant une broderie contre une croûte de pain. Elle a faim et est épuisée. Arrivée près d'un tournant, elle se fait attaquer par des briguands.
Soudain, une colère qui vient du ciel, (des morceaux de verres en éclats et un grogement feront fuir les brigands) Creel l'a échappé belle. C'est ainsi qu'elle rencontre le troisième dragon, Shardas, qui vit dans la forêt avec Féniul. Il faut souligner que les dragons existent encore mais, ils se cachent, car ils ont envie de vivre en paix, tranquillement avec leur trucs à eux.
Shardas collectionne les morceaux de verres qu'il garde dans un espace réservée au fond de sa grotte. Il sont suspendues par milliers, de toutes les couleurs, de toutes les formes, avec des trouées de lumières qui passent en travers. Creel admire toutes cette galerie de verre et en tire de l'inspiration pour son Art. C'est ainsi qu'elle fera de mieux en mieux sa connaissance en séjournant chez lui, le temps de se refaire une forme.
Un extrait: "J'allais passer la plupart de mes journées dans la pièce aux vitraux, prétextai-je, où il faisait chaud et où la lumière était parfaite pour les travaux d'aiguille. Après quoi, je cessai de demander à Shardas d'où provenait la nourriture, et il ne m'en parla plus jamais. Mais bientôt j'appris à lui faire confiance et à le respecter, et je me rassurai: une âme aussi bienveillante ne s'abaisserait jamais à ruiner toute une famille.
Et ainsi, comme un point après l'autre trouvait sa place sur les mouchoirs et les chutes de tissus que je brodais, les heures et les jours s'égrenaient doucement. Shardas avec les vitraux et moi avec mes broderies nous nous tenions agréablement compagnie durant des heures, tandis que la lumière faisait miroiter les panneaux de verre comme des joyaux et dessinait des formes sur le sol de la caverne." p.76
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Mon avis: Un premier roman "enchanteur", rafraîchissant avec une part de réalisme et une part de magie. Un bonheur de lecture et à la fois, épique et estival!
Quand j'ai commencé ce roman jeunesse, j'étais sceptique. Avec ce Bal de DRAGONS"??? Des morceaux de tissus, des boutons...Par contre je trouvais la couverture du livre vraiment superbe, mais quel rapport y avait-il entre tous ces éléments???
Eh bien oui! Tout se tient et bien comme il faut! :D Pour ne pas faire de jeux de mots, c'est cousu solide. L'auteure déborde d'imagination et nous offre un vrai conte à une époque de bottines et de tabliers! Des rencontres avec des dragons amicaux, une princesse capricieuse, un patronne ambitieuse et profiteuse, des souliers qui démangent...Bref, la petite misère d'une orpheline paysanne qui malgré sa condition continue d'avancer, car son letmotiv, c'est la broderie. Elle a donc un but! Ouvrir sa boutique dans la Cité Royale!
L'Art de la broderie est au centre de l'histoire. Ce qui ajoutent des enluminures au roman de Jessica Day George. Les dialogues sont bien pensés. J'ai ressenti l'attachement et l'amitié qu'elle porte à ses quatres dragons qui sont de passage dans sa vie. L'écriture est très imagée. Le rytme du récit est égale, sans longeurs, c'est captivant! Je ne demandais qu'à suivre Creel tout au long de sa quête... Vraiment, ça ferait un bon scénario de film! C'est une excellente conteuse!
Un roman de 'filles'! J'ai choisi d'ailleur comme extrait, la description de la boutique où Creel obtiendra son premier emploi dans la cité royale.
"La pièce était garnie de chaises molletonnées et de petites tables recouvertes de nappes immaculées. De jolies serveuses en tablier brodé s'empressaient ici et là, proposant des rafraîchissements aux clientes, tandis que d'autres jeunes employées en robe rose avec un ruban écarlate autour de la taille se hâtaient, les bras chargés de soie et de satin. Ulfrid se fraya un chemin dans ce dédale de chaises délicates et de clientes jaccassantes sans prêter un seul regard à droite ni à gauche. Mon visage s'empourpra lorsque des dames élégantes et leurs filles interrompirent leur conversation pour nous observer d'un air furibond. Néanmoins, je relevai le menton et marchai dans le sillage d'Ulfrid comme si je faisais cela tous les jours." p.111
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Un petit mot de l'auteur
"Premièrement en 1989, ma soeur laissa traîner sur le sol de notre chambre les splendides livres de Damar de Robin McKinley, qu'elle avait empruntés à la bibliothèque. Deuxièmement, pendant des années, mes parents encouragèrent ma passion pour les livres (qu'il s'agisse de les acheter ou d'en écrire), venant me chercher à l'école pour me faire rencontrer Robin McKinley et Patricia C. Wrede, et investissant des quantités d'argent, durement gagné, dans des livres sur les dragons et les héros, pour finalement confier cette responsabilité (financière) à mon mari. Et troisièmement, lorsque la première ligne de ce roman jaillit une nuit de mon cerveau, mon pauvre et cher mari accepta de promener pendant des heures notre bruyant bébé de façon à ce que je puisse me mettre à écrire.
Lorsque Mélanie, l'éditrice de mes rêves, m'a appelée pour me dire que Bloomsbury allait publier mon livre, j'étais encore en peignoir de bain.
Il était midi passé.
Pour moi, ce fût un Coup de coeur! car jamais (il ne faut jamais dire jamais) j'aurais pensé aimer une histoire de dragons!