Denis Pelletier - Propos sur la pluie...
Journal
*
J'entendais tomber la pluie
aux petites heures du matin,
Cela m'a rappelé quelque chose de mon enfance.
J'aime plus la pluie de campagne
que la pluie de ville
plus la pluie d'été que d'automne.
Si vous saviez ce que c'est qu'une bonne pluie
aux petites heures du matin
quand on est couché à moitié endormi
dans un lit de plumes.
Quand j'allais chez mon oncle Léon
j'avais ma chambre en haut
et j'entendais la pluie
tomber sur le toit de tôle.
Le ciel me tapotait la tête
à l'abri du vent
sans risque d'être mouillé
les yeux fermés
je me laissais pleuvoir
en dedans.
La pluie toute sonore
coulait en moi
me traversait le corps
et me faisait des frissons
le long du dos.
Cela me chatouillait l'âme.
Je n'ai pas eu le temps hier d'écrire sur
la sensation de pluie qui fait vibrer la
maison entière et qui me fait
sentir comme dans le creux d'un violon.
J'aurais voulu parler du tonneau d'eau
gourmand et ventru qui prend l'eau
à gros bouillons. La gouttière est là le long
du mur suspendue à la corniche comme une
louche au-dessus de la soupière.
* * *
Tiré une fois de plus de "L'arc-en-soi"
Essai sur les sentiments de privation et de plénitude
page 155
Par Denis Pelletier