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La maison de Millie
16 juillet 2013

Un été à Savannah

1347314_gfBeth Hoffman

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avril 2011   RT1CAB1DNYDCAO93O72CAHOEMFVCAQ7LRR0CAMGZ3XZCABDKIDUCAC0Y8NWCAPKSLL3CANNEYWJCAZDWX9GCA2Z0QZWCA3D6QGWCAM801JFCAM5GQ1CCAPLOLP5CA7BWVGJCA8BU6S0CAZ7MTJ2  Mon coup de coeur de l'été!

Littérature américaine

380 pages

Quatrième de couverture

Depuis sa plus tendre enfance. CeeCee veille seule sur sa mère psychotique, une ancienne reine de beauté devenue la risée de la ville à force d'extravagance.

Mais, un jour de juin 1967, tout bascule : sa mère est tuée dans un tragique accident, et l'adolescente de douze ans se retrouve livrée à elle-même.

C'est alors que Tootie Caldwell, une grand-tante dont elle n'avait jamais entendu parler, entre dans sa vie pour la bouleverser à jamais.

A bord d'une voiture décapotable de collection, Tootie emmène CeeCee loin de l'Ohio, chez elle, dans le sud des Etats-Unis, et lui fait découvrir l'univers pittoresque et excentrique de Savannah. De l'exotique Thelma, qui prend des bains dans son jardin sous l'oeil curieux d'un paon, à Oletta, la cuisinière au coeur d'or, en passant par Violene, qui aime parader en tenue affriolante, les femmes de Savannah réservent à CeeCee un été haut en couleur.

* * *

Mon avis: Si Beth Hoffman avait un blog , je suis certaine qu'elle viendrait se joindre à nous, sur nos blogs, tellement nous partageons les mêmes goûts en terme de littérature.  C'est tout dire! :D

Pour moi, son roman répond à tous mes critères de ce qu'est un bon roman estival. Une âme soeur littéraire! :)

Mais justement, il y a tant à dire, à noter de ce joli roman, que je ne peux même pas tout mettre dans un seul billet.  Il me faudrait en écrire trop.  Par contre, j'ai dénicher un chapitre qui résume bien les trois essences du romans:  Enfance difficile, racisme, femmes aisées et farfelues.  Un hamonieuse symphonie littéraire qui s'étale sur 380 pages. 

Un savant mélange de "Anne et la maison aux pignons vert" avec "La couleur des sentiments" et "Desesperate Housewives", mais tout se passe dans les années '60 en passant de l'Ohio à la Georgie.

Un roman qui n'a pas d'âge.  Il aurait pu très bien être publié dans les romans jeunesse 12 ans et plus. Ce fût un regret pour moi de le terminer et de le ranger dans la bibliothèque.  Heureusement, je pourrai toujours le reprendre et il continuera de m'habiter longtemps.  "Un été à Savannah" est comme une philosophie de vie, une manière de penser... Comment 'dealer' avec un mauvais départ dans la vie!

 * * *

Extrait: Chapitre 18 - page 235 (Ceecilia et Oletta (la cuisinière de Tante Tootie) reviennent de visiter la vieille tante Sapphire d'Oletta) j'ai mis en caractère gras, les passages qui donnent une bonne idée de l'essence du roman.

Cet extrait démontre bien toutes les émotions que suscite la lecture de "Un été à savannah": L'ordinaire de la vie, scènes farfelues, confidences dramatiques, bienveillance d'Oletta, les réflextions de Ceceelia... comme les perles d'un collier enfilées les unes à la suite des autres, dont certaines sont plus rugueuses, d'autres qui chatouillent etc... 

* * * 

"Quand nous descendîmes du bus, de retour de notre excursion à la maison de retraite de la Colline verte, les vagues de chaleur créaient des mirages sur l'asphalte.  Je remarquai un ver de terre téméraire qui s'était aventuré sur le trottoir - il gisait là, carbonisé, telle une saucisse oubliée sur le gril.  La chaleur avait fait gonfler les pieds de la pauvre Oletta comme des muffins par-dessus ses chaussures.

   Nous n'avions pas franchi le seuil de la maison depuis deux minutes que le téléphone sonna.  Oletta répondit pendant que je mettais des glaçons dans deux verres et décapsulais une bouteille de Coca-Cola.  J'écoutais le pétillement des bulles sans prêter attention à la conversation.  Après avoir raccroché, Oletta avala une longue gorgée. 

-  Ah...ça fait du bien.

-  C'était qui?

-  M'am Goodpepper.  Elle va a un mariage et elle a besoin que je raccomode sa robe.  Elle arrive.

   <...>

   Annoncée par des bruits de pas sur les marches de la véranda, puis par un bruissement de mousseline de soie verte, Mme Goodpepper (la voisine de Tante Tootie) pénétra dans la cuisine. 

-  Oletta, je ne sais comment te remercier, dit-t-elle.  C'est juste un petit accroc.

<...>

Mme Goodpepper resta aussi immobile qu'une statue pendant qu'Oletta reprisait la robe.  Lorsqu'elle glissa ses doigts entre le tissu et la peau de Mme Goodpepper, Oletta eut un mouvement de surprise.

-  Qu'est-ce que vous avez la-dessous?

-  Du ruban adhésif, répondit notre voisine en gloussant.  Impossible de mettre un soutien-gorge aec cette robe, pousuivit-elle, plaçant ses mains en coupe sous ses seins. Je voulais qu'ils aient l'air... plus fermes qu'ils ne le sont en réalité.  En fouillant dans la cave, j'ai déniché un rouleau de ruban adhésif.  Laissez-moi vous dire que ça marche du tonnerre!

   J'ignorais quoi répondre, mais Oletta se tordit tellement de rire qu'elle en pleura.

   -  Et voilà, je peux mourir tranquille.  Ça y est, j'aurai vraiment tout entendu.  Comment ferez-vous quand vous voudrez retirer l'adhésif?  La moitié de votre peau risque de partir avec.

   Mme Goodpepper haussa les épaules.

   -  Tu as sans doute raison.  Mais le jeu en vaut la chandelle.  Je n'ai jamais aussi bien porté une robe décolletée depuis quinze ans.

<...>

   Avec le long trajet en bus et la chaleur, nous nous sentions si sales, Oletta et moi, que nous montâmes prendre une douche.  Je redescendis à la cuisine, les cheveux mouillés.  J'avais revêtu le pyjamam blanc à oeillets que j'adorais, et Oletta avait enfilé une robe d'intérieur aux couleurs vives.  Tandis qu'elle remplissait deux assiettes de cottage cheese et de fraises fraîches, je m'approchai de la fenêtre et observai deux papillons de nuits accrochés à la moustiquaire comme deux petits cerfs-volants attendant que le vent se lève.  La chaleur était si accablante que même les insectes semblaient désespérés. 

   Nous dînâmes sur la véranda, l'assiette sur les genoux, sans échanger plus de quelques mots - perdues dans nos pensées, nous profitions du calme.  Après le repas, Oletta se détendit dans la chaise à bascule pendant que je faisais la vaisselle.

   -  Écoute...Tu entends?  me demanda-t-elle lorsque je la rejoignis. Ça doit être la fanfare du lycée qui répète pour le défilé de la fête du Travail. C'est toujours un grand événement ici.  Tu aimes les défilés?

   Je secouai la tête.  Oletta avala une gorgée de thé glacé. 

   -  Ah bon?  Je croyais que tous les jeunes aimaient ça. 

   -  Eh bien, pas moi.  En tout cas, plus maintenant.

   -  Pourquoi?

   La scène surgit dans ma mémoire, aussi vive qu'un film en Technicolor.  Je m'affalai sur une chaise et racontai toute l'histoire à Oletta. 

   Chaque été, il y avait dans notre ville un défilé du 4 juillet.  C'était un événement très attendu, et les préparatifs commençaient une semaine avant.  Les pompiers, profitant de l'occasion pour parader dans leur camion reluisant, accrochaient des banderoles en papier crépon entre les lampadaires sur toute la longueur d'Euclid Avenue.  <...>

   J'avais trouvé un endroit idéal pou regarder le défilé, sous le couvert d'un énorme massif de lilas.  J'avais onze ans, à cette époque et, les moqueries au sujet de ma mère n'ayant jamais été pires, je tenais à passer inaperçue.

   Le début de la parade avait été annoncé par un roulement de tambour et des coups de cymbales.  Le tambour-major et des coups de cymbales.  <...>  C'était à chaque année le même spectacle, et je continuais à y assister que pour une raison:  M. Kronsky. 

<...>

   Personne ne pouvait détacher ses yeux du vieil accrobate, qui parcourait la ville sur son vélo, les bras étendus pour conserver l'équilibre et l'air éberlué.  Je crois qu'il était encore plus surpris que nous d'être toujours capable d'un tel exploit. 

   Une camionnette rutilante fermait le défilé:  elle traînait un petit chariot recouvert de fleurs en papier blanc.  Des panneaux indiquant "Miss WILLOUGHBY JUNIOR" étaient placardés sur les deux côtés.  Une blonde affublée d'une robe à froufrous bleue y trônait.  Je l'avais reconnue de loin.  Il s'agissait de Francine Fillmore, une de mes camarades de classe qui prenait un plaisir incommensurable à se moquer de ma mère.  Je la détestais.

   Voyant que Francine agitait la main et jetait des caramels aux spectateurs, je m'étais tapie dans l'ombre.  Son stupide char ayant fini par disparaître, je m'étais avancée sur le trottoir pour rentrer à la maison, quand un mouvement de foule avait attiré mon attention.  J'avais alors découvert, pétrifiée, que maman dévalait la rue dans une robe de soirée en satin rose.

   "Attendez-moi!" criait-elle en courant après le char à fleurs de Miss Willoughby Junior. 

   Son écharpe en soie verte de reine de l'Oignon Vidalia 1951 qui lui barrait la poitrine brillait au soleil.  Des éclats de rire avaient parcouru l'assemblée, mais maman avait continué sa course.  Une fois proche du char, elle s'était jetée en avant pour tenter de rejoindre Francine, qui n'en avait pas cru ses yeux.  Les mains de maman avaient glissé et elle avait atteri face contre terre.  Dans sa chute, sa robe s'était soulevée, révélant, à mon horreur infinie, qu'elle ne portait pas de culotte.

  Le temps s'était alors écoulé au ralenti:  un silence effroyable était tombé sur les spectateurs, qui , un à un, s'étaient tournés vers moi.  J'avais cru mourir.  J'aurais voulu mourir.  Heureusement, maman s'était mise à quatre pattes, et sa robe était retombée sur ses fesses nues.  Une cascade de rires m'avait comme ballottée en tous sens quand j'avais traversé la rue pour aller l'aider.  Je n'aurais pas été plus sonné si quelqu'un  m'avait donné un coup de massue sur la tête.

  
   -  Bref, conclus-je en regardant Oletta, je ne tiens pas à revoir un défilé.

   Elle me prit la main, sans un mot.  Elle se contenta de me presser gentiment les doigts.  Elle ne la relâcha que lorsque le son de la fanfare se fut évanoui et que le ciel nocture eut viré du violet au bleu sombre.

   J'appuyai ma tête contre le dossier de la chaise pour écouter le concert des grillons et la caresse de la brise chaude sur les feuilles des arbres.  Un mince nuage blanc effilé traversait le ciel comme le voile d'une mariée en fuite.

   Depuis mon installation à Savannah, j'étais devenue plus sensible à la nature - aux sons, aux odeurs et aux couleurs qui m'entouraient.  J'étais constamment surprise par ce que je découvrais au-delà des livres derrière lesquels je m'étais toujours réfugiée.  Même la lune me semblait plus gironde cette nuit-là.  En montant dans le ciel, elle éclaira la surface de la piscine de Mme Hobbs, lui donnant l'aspect d'une peau argentée. 

   Oletta avait posé la tête contre le dossier de sa chaise, elle aussi, et fermé les yeux.  Elle était si paisible que je crus qu'elle s'était endormie, mais elle chassa soudain un moustique de son visage."  p.242

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 Je ne peux que remercier Beth Hoffman pour ce premier roman. Vivement le prochain!  J'ai vraiment passé un bon moment tout au long de cette lecture.

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Publié d'abord

 Aux Presses de la Cité

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Commentaires
M
@Aline, Désolée Aline pour ta PAL, mais ce serait dommage de passer à côté...:D
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A
Bon, ben, j'ajoute. :-D
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M
@Lilibook, Bienvenue chez moi :) C'est un très bon roman, n'hésite pas à le lire! :)
Répondre
L
Ah oui, j'avais déjà entendu parler de ce roman et je dois dire qu'il est très tentant et que tu donnes envie de le lire en plus.
Répondre
M
@MyaRosa, Considère le comme un 'Précieux'! :D Vraiment un beau roman.
Répondre
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