Le héron bleu
Castor Poche Flammarion
Littérature Américaine
Première édition 1989 pour la traduction
Pour cette édition 1998
407 pages
Quatrième de couverture: Jeff a sept ans lorsque sa mère quitte la maison. Elle a laissé un mot expliquant que de grandes causes internationales ont besoin d'elle. Le garçon grandit dans la hantise de décevoir son père qu'il appelle "le Professeur".
Invité par sa mère, le temps des vacances, Jeff est à nouveau séduit par son charme et sa vivacité. Il ne vit plus que dans l'attente d'une nouvelle rencontre. Un rêve ruiné l'été suivant...
Jeff, à douze ans, devient alors un être aussi solitaire que ce grand héron bleu qu'il a vu un jour dans les roseaux. Mais l'affection de son père et les amitiés nouées avec les enfants Tillerman l'aideront à passer le cap.
* * *
Mon avis: Ce roman a été pour moi une lecture bonbon. Un roman encore tellement d'actualité (quand on pense à la solitude vécue par nombreux enfants) malgré qu'il fut écrit dans sa V.O. en 1983.
La seule différence avec aujourd'hui, c'est que le déroulement de la vie de Jeff se passe avant l'époque techno. Jeff vivra cet abandon en s'accrochant d'abord à l'espoir de rejoindre sa mère. Il aura à vivre le sentiment de perte de ses illusions, mais avec la présence de son père introverti, petit à petit, il apprendront à mieux se connaître, à s'apprivoiser l'un et l'autre. Il vivra des instants de paix profonde sur une petite île découverte lors de ses dernières vacances passées avec sa mère et sa grand-mème Gamba. Pour finalement revenir chez lui tant déçu.
L'observation du héron bleu, la solitude dans une vieille barque qu'il achète et arrange pour 15$, la découverte de l'île où il se retrouve autant qu'il le peut, vont l'aider à affronter cette dure réalité.
Pour Noël, son père lui offre une guitare. C'est le début de l'apprivoisement, de l'étonnement mutuelle. Un beau matin de Noël vécu à leur manière.
Le frère Thomas, un ami de son père deviendra un ami pour Jeff aussi. Un habitué de la maison et une présence significative pour Jeff.
Beaucoup plus tard, un retour à la nature grâce à la vente de la maison. Une décision que le père et le fils prenent d'un commun accord, les amenèront à s'intaller au bord d'une rivière dans un châlet auquel le professeur, fit rajouter des pièces.
C'est par là que Jeff rencontrera de nouveaux amis à sa nouvelle école, et fera la connaissance des enfants Tillerman.
Voici comment débute le roman
Par un après-midi de mars, un petit mot attendait Jeff sur la table de la cuisine, à son retour de l'école. L'écriture était celle de sa mère. À sept ans et demi, Jeff était assez grand pour la déchiffrer seul.
Mon Jeffie,
Tu sais que je t'adore plus que tout au monde. J'aime venir te trouver dans ta chambre le soir et te lire des histoires. J'aime te faire un gros baiser sur chaque oeil pour te souhaiter bonne nuit. Je m'en vais, mais je veux que tu saches: ce n'est pas comme si je t'abandonnais. Je te garderai dans mon coeur comme tu me garderas dans le tien, et peu importe si des milliers de kilomètres nous séparent, tu ne crois pas?
Tu trouveras au frigo de quoi te faire des hot dogs. Si tu ne sais plus comment on fait, demande un peu d'argent au Professeur à son retour et va t'acheter quelque chose. Mais il vaudrait mieux ne pas le déranger pour rien, alors essaie de te souvenir. Tu sais bien, tu es mon aide de camp, tu sais tout faire. Tu n'auras pas à demander, j'en suis sûre.
Je penserai à toi, ce soir, et j'aurai du chagrin, je le sens. Mais tu es grand maintenant, tu as moins besoin de moi que tous ces gens qui m'appellent. C'est à eux qu'il faut penser, Jeffie, à ces petits garçons comme toi qui ne mangent jamais à leur faim, qui se couchent l'estomac vide. Tu sais combien j'ai mal au coeur en songeant à cette injustice, comme à tant d'autres injustice - les enfants qui n'ont plus de parents, les sans-abri, ceux qui manquent de tout, les animaux sauvages menacés par l'homme, bref, ce qu'il faudrait changer dans le monde, <..> Je n'ai pas le droit de rester soudre à cet appel, Jeffie, il faut que j'aille porter secours à ceux qui ont besoin de moi. Que j'essaie de rendre ce monde meilleur, pour toi et tous les autres enfants de la terre. Tu es assez grand pour le comprendre. C'est une tâche tellement immense que je ne pourrai pas revenir te voir, alors il faut que je te dise au revoir. Adieu, mon petit garçon, mon Jeffie à moi.
Le coeur bien gros,
M. (pour maman ou Mélody)
*
J'ai lu l'édition la plus ancienne.
Une chose est sûre, c'est que je vais relire ce roman. On apprend à connaître Mélody et 'le professeur' à mesure que Jeffie grandit. À mesure qu'il apprend à les connaître, lui. À force de maturité, de souffrances et des instants marquants de bonheurs aussi. Le roman débute quand il a 7 ans et demi et se termine vers ses 17 ans. On traverse avec Jeffie les années et les saisons.
Extrait relevé quand il est sur son île. p.197 -198... Une très belle plume!
"Jeff passa la nuit sur la plage - le ventre creux, mais peut importait. À son réveil, le ciel avait pris une couleur de fumée douteuse. Toutes les étoiles avaient disparu, toutes sauf une, Vénus, l'étoile du matin, qui flottait bas sur l'horizon est. Elle était assez grosse et brillante pour griffer l'eau d'une trainée d'argent, fine et dansante.
Jeff s'assit, s'étira, et contempla le lever du jour. Les vents s'étaient inversés dans la nuit, la brise de terre avait pris la relève. Jeff sentait dans son dos son haleine tiède, chargée d'air de l'intérieur des terres. Là-bas, sur l'horizon, des bateaux de pêche filaient vers le large, plus petits que des jouets.
Il passa la matinée à explorer de nouveaux la plage, à patauger dans les flaques d'eau tiède laissées par la marée descendante. Arrivé à la pointe sud de l'île, il fit demi-tour sagement. Cette fois, il fallait rentrer.
Il se sentit comme lavé, remis à neuf. "
Je n'ai pas lu "Les enfants Tillerman" de Cynthia Voigt, mais il existe une nouvelle édition paru en 2010.
Je ne sais pas si ce roman fût publié après ou avant Le héron bleu? en V.O.
Un roman qui m'a rappelé un peu "Un été au bord du fleuve"