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La maison de Millie
16 mars 2014

Retour à Dublin

1421951-gfCathy Kelly

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Éditions Pocket

Littérature irlandaise

2013

Quatrième de couverture: 

   «Eleanor Levine, veuve depuis peu, retourne s'installer à Dublin, sa ville natale, laissant à New York sa famille pour laquelle elle a peur de devenir une charge. 

   Depuis sa fenêtre, elle s'amuse à imaginer la vie des habitantes de Golden Square.  Eleanor fait bientôt la rencontre de trois d'entre elles et devient leur confidente.  Il y a Megan, l'actrice à la réputation sulfureuse, Rae, propriétaire du salon de thé local, qui cache un lourd secret, et Connie, célibataire endurcie que la crise de la quarantaine menace. 

   Ensemble, elles vont découvrir combien la solidarité, l'entraide et l'attention portée aux autres peuvent être des cadeaux de la vie.»

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1

Nouvel an

  « Il fallut peu de temps à Eleanor Levine pour déballer ses affaires et les ranger dans l'appartement de Golden Square.  Elle n'avait emporté que deux valises dans l'avion qui l'avait menée de New York à Dublin.  Pour de simples vacances, elles auraient sans doute été trop lourdes, mais si l'on considérait le voyage envisagé, elles devenaient très légères. 

    Elle avait d'abord réservé pour trois semaines dans un hôtel du centre-ville.  En y arrivant, quinze jour avant Noël, elle avait expliqué au réceptionniste qu'elle resterait peut-être plus longtemps.  Il s'était contenté d'un hochement de tête courtois.  Rien ne choquait un réceptionniste d'hôtel, même pas les vieilles dames élégantes qui arrivaient seules avec un peu de bagages et semblaient ne pas avoir de date fixe de départ.

    Après avoir vécu presque toute sa vie à New York, une ville où chacun est libre de faire ce qu'il veut, il était rassurant de découvrir que la même tolérance prévalait à présent dans son pays d'origine.  A vrai dire, ce n'était pas ce qu'elle avait pensé trouver, mais comme cela faisait longtemps qu'elle n'était pas rentrée chez elle, elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. 

    Dans l'avion, triste d'avoir laissé derrière elle sa famille et son appartement si confortable et chaleureux, Eleanor avait eu le temps de penser a l'Irlande qu'elle allait revoir.  Elle était partie plus de soixante-dix ans plus tôt, sérieuse petite fille de onze ans voyageant dans l'entrepont d'un immense vapeur avec sa mère et sa tante, à destination du Nouveau Monde.  Tous leurs biens tenaient dans deux valises en carton, et sa mère, Bridgid, gardait la maigre fortune familiale dans une bourse attachée à son cou.

    Et voilà qu'elle revenait, nantie de plusieurs cartes de crédit «platinum», plusieurs abréviations de titres universitaires ou honorifiques à la suite de son nom et une longue vie professionnelle maintenant derrière elle.

    En dehors d'elle-même, une seule chose avait fait le voyage aller et retour:  le livre de recettes de sa mère. 

    A l'origine, le cahier était couvert d'un simple carton brun, mais - il y avait des dizaines d'années de cela - Eleanor avait collé sur la couverture un papier de Noël brillant.  A présent, le doré des étoiles s'était fané, comme le rouge et le vert des branches de houx.

    Les pages supplémentaires ajoutées au cahier au fil des ans l'avaient démesurément gonflé et un cordon crocheté en laine bleu lavande maintenait l'ensemble bien serré.  Les recettes avaient toutes été écrites à la main par sa mère, de son écriture penchée, parfois au crayon noir dont le tracé avait pâli avec le temps, parfois à l'encre bleu nuit qu'elle aimait tant. 

    Personne, en voyant ce livre de recettes en si mauvais état, n'aurait pu deviner toute la sagesse qu'il recelait.  Pour les gens, la sagesse ne pouvait être dispensée que par des experts bardés de diplômes.  Eleanor elle-même les avait collectionnés; les obstacles à franchir pour devenir pychanalyste se traduisait par cette longue liste d'abréviations de titres et dîplomes après son nom. 

    Toutefois, Eleanor avait appris de deux sources que des gens sans instruction officielle en savent souvent plus que les universitaires les plus distingués.

    La première était sa mère, Brigid.

    L'autre était sa propre et vaste expérience de la vie.

    Elle venait d'avoir quatre-vingt-quatre ans et avait vécu toutes ces années avec enthousiasme. 

    Brigid lui avait appris cela, et beaucoup d'autres choses.

   

    Au cours de ses longues années de pratique de la psychanalyse à New York, Eleanor avait découvert que l'amertume dévore les gens de l'intérieur aussi sûrement que n'importe quelle maladie.  Ils passaient des années en thérapie simplement pour apprendre ce que Brigid O'Neill savait d'instinct.  Elle avait consigné tout ce savoir pour sa fille dans son cahier de cuisine.  A partir d'un certain moment, ses recettes et ses petites notes dans les marges avaient pris un sens bien à elle.  Le cahier de Brigid n'était pas un simple guide de la bonne cuisine, mais un recueil de conseils sur la meilleure façon de vivre sa vie.  Il s'y trouvait tout le savoir d'une campagnarde au grand coeur qui avait vécu en faisant feu de tout bois, s'appuyant sur son bon sens et son intuition de Celte pour survivre.

    Eleanor s'était souvent demandé si sa mère n'avait pas un plus grand niveau d'éveil spirituel que les gens normaux, comme un instinct que le monde moderne avait perdu et tentait de retrouver.  Son livre de cuisine possédait un parfum de magie, mais peut-être était-ce simplement la magie des aliments et de la vie.

    Oui, pensa Eleanor.  Vivre et se nourir sont inextricablement liés!...»

*

Mon commentaire:  J'ai débuté mon billet avec l'extrait du premier chapitre.   Eleanor avait bien autres choses dans ses bagages:  Ses affaires de toilettes, ses vêtements et ses livres.  Ses chaussures de mariage, des escarpins en satin Christian Dior, un masque en plumes d'autruche teintes en noir, un papier très fin enveloppant une rose séchée offerte par Ralf, son mari, le poudrier compact en forme de coquillage dont elle était si fière à vingt-cinq ans, et le tube de rouge à lèvres noir et or, «Manhattan Red»! Ce rouge faisait fureur en 1944.  La boîte contenait aussi les lettres d'amour de son bien-aimé Ralf, les dessins et les cartes de Naomi, sa fille...

   Ses bagages contenaient tout ça, mais en recopiant le texte, j'ai insisté sur le livre de recette, puisqu' ils nous dévoilent des tranches de vie de sa mère. Nous pouvons lire au début de chaque chapitre une page de ce livre de sagesse inspiré de la vie et des aliments. Sublimes passages..

   Un autre coup de coeur pour moi.  Je suis gâtée ces derniers temps!  J'ai aimé les rencontres, les confidences, les questions de ces quatres femmes qui finissent pas se rejoindrent tôt ou tard.

   Mais Eleanor reste le centre du livre. Un très beau personnage. L'élément rassembleur. Un roman tendre et humaniste! :)

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Publié d'abord aux Presses de la Cité

2012 - 526 pages.

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Commentaires
M
@Emma :D Contente de te retrouver ici! Alors tu aimeras beaucoup cet auteure et oui ses couvertures sont irrésistibles. Surtout la dernière qui n'est pas encore en poche. Il vient de sortir.. Tu iras fureter sur Internet. Des tasses et des soucoupes à thé! à faire tomber!!! :D <br /> <br /> En tous cas celui-ci est bien tendre et bon à lire. :)
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E
Une auteure dont le nom traine dans ma tête depuis trop longtemps et que je me dois de découvrir absolument. Cet été, très probablement.<br /> <br /> Les couvertures de ses romans, comme ceux de Maeve Binchy, sont adorables !!<br /> <br /> J'aime tellement les romans qui se déroulent en Irlande, avec des femmes, des confidences, des amitiés, des secrets,... Je suis sous le charme de ton billet !<br /> <br /> Gros bisous ma Milly jolie :)
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M
@Aline, Encore une fois, tu devras discuter avec ta pile à lire.. C'est ta conscience qui va trancher!!! :D Mais quelque chose me dit que tu ne vas pas résister hi,hi..
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A
Raahh je le veux !! Surtout s'il se passe en Irlande. :-D<br /> <br /> Merci Milly pour ces belles suggestions que je trouve chez toi.
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M
@Mya, Je pense bien que tu aimeras! :)
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