Écriture: «Où, Quand, comment et avec qui?»
Mon coin à moi
(Un texte de Paule Daveluy, tiré d'un ancien numéro de littérature jeunesse québécois)
Une chronique animé par Daniel Sernine
J'ai toujours gardé ce joli texte de celle qui fut une pionnière en littérature jeunesse au Québec. De plus, elle a traduit tous les romans jeunesse 'Emilie de la Nouvelle Lune' de Lucy Maud Montgomery.
Ce matin, j'ai eu envie de partagé avec vous cette part de quotidien! J'ai souvent imaginé ce joli coin de table.
Il se trouve que le célèbre peintre Carl Larsson illustre bien notre pays nordique et nos grandes tables. J'ai choisi cette superbe reproduction pour accompagner le coin de Paule Daveluy raconté dans ce court texte d'atomosphère.
«Sous la lampe Tiffany, dont je suis, un jour, tombée follement amoureuse parce qu'elle reproduit le ciel, les arbres, la plage et la mer, s'étend la table de la salle à manger attenante à une petite serre, où je m'installe, tous les matins, pour travailler (et qu'il faut débarasser de son fatras chaque fois que "la visite" reste à souper). Un coin de bureau que nous partageons, mon mari et moi, m'appartient, avec ses appareils de téléphone et sa machine à écrire, et mon pupitre y croule lui aussi sous les papiers, mais c'est cette grande surface ouverte sur le jardin qui me ramène, jour après jour, à mon stylo et à mon papier à lettres, parce que je préfère maintenant écrire à la main plutôt qu'a la machine.
Qu'y a-t-il, sur cette table, qui trahisse son utilisatrice? Un appareil de radio, bloqué au poste FM de Radio-Canada, et des cassettes, empilées sur le vaisselier: mostly Mozart et Bach, mais aussi Duteil, Jessye Norman, Kashtin, et une sonatine de Sibelius que j'aime particulièrement.
Et encore? Papiers, crayons, une plante (pour la beauté), une bougie (pour les pannes), des livres, empilés à la 'va-comme-je-te-pousse' (pour lecture subséquente). Un canevas petit-point. Eh oui! Ma détente du soir, à la télé.
Restent, sur la table, un colis, prêt à poster avec sa charge de mots... (le courrier, le facteur, «des lettres pour moi?» - le miel de la journée)... et deux enveloppes de photos: mon autre passion. Les images complètent les mots et disent souvent plus qu'eux. Je fais agrandir mes meilleurs négatifs et je placarde «la brume sur le vieux Portland», «le photographe photographié», «mes magnifiques petits-enfants», partout dans la maison. Parce que ces intantannés reproduisent la vie.
J'aurais voulu, c'est évident, être une artiste. J'essaie de traduire le réel de toutes les manières à ma portée: mots, points, images,
Pour laisser, sans doute, ma trace, quand je serai morte.»
* * *
Visiblement ce texte fut publié dans les années '80. Je n'ai pas la date exacte du numéro, j'en avais gardé seulement qu'une photocopie. Mais, les objets nommés ici et là en témoignent!
J'invite ceux et celles qui aiment écrire ou publie déjà de venir si le coeur vous en dit, nous raconter votre coin!
Je pense déjà à Jeanne d'Arc, Nicole, L'Or rouge, Fondant, Mlle Opaline ... Que ce soit ici, ou sur votre blog, c'est toujours passionnant de connaître ces lieux d'écriture! :)
(1919 - 2004)