Ma soeur orpheline
Jean Little
"Au fil de ma plume - Victoria Cope"
Éditions Scholastic
2007
Samedi 29 mai 1897, dans mon lit...
Nous sommes allés chercher notre orpheline. Elle est toute petite et très timide. Elle s'appelle Mary Anna Wilson et elle a douze ans. On dirait qu'elle n'a pas plus de dix ans.
Quand nous sommes arrivés à la gare, il n'y avait que quatre enfants sur le quai. Et seulement une fille. Chacun des quatre enfants portait une étiquette avec son nom écrit dessus et se tenait à côté d'un coffre avec son nom écrit dessus aussi. C'étaient de gros coffres en bois avec des coins en laiton.
Je voyais bien que papa était contrarié par quelque chose.
«Nous avons besoin de quelqu'un de fort pour aider mon épouse, a-t-il dit à la dame. Mais vous m'emmenez une enfant. Un pauvre petit être maladif qui ne sera d'aucune aide.»
La fille a baissé la tête, tellement qu'on ne voyait plus que le dessus de son chapeau. Elle ne pouvait pas aire autrement que d'entendre ce qu'il disait.
Mon commentaire: Ces romans de la collection 'Cher journal' relatant des pans d'histoire du Canada, est pour moi ce que sont la collection des 'Alice détective' pour Fondant Grignoteuse et Marielle - Au gré de ses fantaisies.
C'est une merveilleuse découverte pour moi. Celui-ci est mon deuxième et j'ai déjà entamé mon troisième. Celui-là, me rappelle beaucoup 'Le train des Orphelins'.
L'action se déroule à Guelph, Ontario, en 1897. Victoria reçoit pour son anniversaire un beau gros cahier bien épais avec un joli ruban pour marquer sa page. C'est sa maman qui lui offre, car elle a compris combien Victoria aime inventer des histoires.
«Quand je serai grande, je veux écrire des romans, comme Louisa May Alcott qui a écrit les histoires de la famille March. Après tout, je m'appelle Joséphine (Victoria) à cause de Jo March, et aussi de grand-maman Cope. Jo March est le personnage préféré de maman, même si, d'après moi, maman ressemble beaucoup plus à Meg. Quand je lui ai dit ça, elle m'a répondu avec un petit sourire:
«Mais je me sens comme Jo, à l'intérieur de moi, Victoria. Et puis voudrais-tu vraiment une maman qui saute les cloture?»
«Pourquoi pas?»
Je vais commencer par décrire toute ma famille. Les écrivains doivent toujours décrire leurs personnages. Ce sera un bon exercice pour moi. page 3
C'est donc à travers les récits quotidiens de Joséphine Victoria Cope que nous apprendrons à connaître l'histoire de Mary Anna, la petite orpheline et de son jeune frère de 8 ans qui fut placé chez un fermier 'fou à lier'. On appelait ces enfants, Les orpelins du Docteur Barnardo choisis pour aller au Canada.
Informations sur Wikipédia ICI
Si les orphelins avaient en bas de douze ans, ils devaient aller à l'école. Sinon, on devait leur donner un salaire pour leur travail sur les fermes. Mary Anna fut très bien traitée dans sa famille d'accueil et devint amie avec Victoria. Quant à Jasper, son petit frère, il en fut tout autrement. Triste récit pour Jasper raconté finement par Jean Little à travers la plume de Victoria. Elle relate le quotidien de la maisonnée, de l'école et toutes sortes d'aventures étonnantes, qui donnent à remplir généreusement les pages de ce journal. Ce n'est donc pas une lecture toute noir. Il contient heureusement des moments lumineux.
Notes historiques
«Parmi tous les gens qui ont accueilli ces orphelins, certains se sont montrés trop exigeants envers eux et sont même jusqu'à les maltraiter. (Comme le frère de Mary Anna). Des garçons ont été forcés de dormir dans des remises et ne recevaient pratiquement rien à manger. <...>
Devant de telles conditions de vie, certains se sont rebiffés et ont tenté de s'enfuir. Quand les gens du docteur Barnardo étaient mis au courant de ces mauvais traitements, ils pouvaient replacer les enfants dans d'autres fermes où, espérait-on, ils seraient plus heureux. Certains orphelins ont ainsi dû être replacés jusqu'à dix fois! Il est difficile de lire des histoires aussi déchirantes.
Plus de 60,000 orphelins ont ainsi été envoyés au Canada, de 1875 à 1930, par le biais des oeuvres du docteur Barnardo.
Petit à petit, on s'est rendu compte que ce système d'immigration juvénile exigeait une réforme. En 1924, le gouvernement travailliste nouvellement élu en Grande-Bretagne a décidé que les orphelins, en leur qualité de sujets britanniques, devaient rester au pays, au moins jusqu'à l'âge de quatorze ans.»
*
Si vous tombez sur ce roman jeunesse classé 9 ans et plus, n'hésitez pas! Une lecture documentaire, dont le personnage de Victoria est très attachant et passionné par le désir de devenir écrivaine.
On peut voir à la fin du livre, dans la partie documentaire, des photos d'archives, dont une en particulier plutôt intéressante: La maison où a grandi l'auteure Jean Little. C'est la maison même où se situe l'action du journal de Victoria Cope.
ps: On nous donne aussi la recette du gâteau préféré de Victoria, Un gâteau au caramel et son Glaçage.
Aussi, Comment faire une mouche de moutarde!