Trois éclats toutes les vingt secondes
Françoise Kerymer
Aux éditions Pocket en juillet 2016
Aux éditions JC Lattès en 2014
345 pages
Quatrième de couverture
«Au large du Finistère, là où la terre finit, où le plus grand cimetière marin du monde murmure ses légendes, une île: l'île de Sein.
Emma et son fils, Camille, sept ans, y débarquent pour passer les deux mois d'été.
La jeune mère est désespérée: contrainte à cet exil par son mari, elle éprouve les plus grandes difficultés à comprendre son fils, à l'intelligence aiguë et au caractère imprévisible. Et si le jeune garçon s'enthousiasme immédiatement pour l'île, Emma résiste malgré le soutien d'Armelle, la restauratrice au grand coeur, de Ronan, marin de la navette quotidienne avec la grande terre, et de Louis-Camille, compositeur solitaire.
Entre ciel et mer un drame se joue.
La magie de l'île bretonne réussira-t-elle à sauver la mère et son enfant?
Un récit lumineux, qui mêle finement et psychologie et suspense.
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Ancienne libraire, Françoise Kerymer partage son temps entre la Bretagne et Paris. Elle a publié deux romans: Il faut laisser les cactus dans le placard (2010) - billet ici et Seuls les poissons (2012).
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Mon commentaire
D'abord ce drôle de titre qui signifie que le phare peut lancer ces trois éclats de lumière toutes les vingt secondes. Un roman doux pour raconter l'été d'Emma qui débarque dans cet île avec ses fantômes intérieures et son fils. Lui, Camille se prend d'amour tout de suite pour ce petit bout de terre.
Quant à Emma, elle déteste l'endroit.
«Cette maison est horriblement humide, et cette chambre affreuse et minuscule. Je ne pourrai jamais y rester, tu entends, jamais. Y passer la nuit est déjà trop. On repart demain.
Emma tourne en rond dans la pièce étroite qui donne sur la mer. En geste désordonnés, elle déplace inutilement leurs bagages, d'une chaise au lit, du lit à la table, de la table à la chaise. Valise et sacs emplissent tout l'espace. » page 12
Camille se fera des amis: Armelle, la sympatique restauratrice et Louis-Camille le pianiste compositeur.
Quant à Emma, Ronan apportera petit à petit une différence dans dans sa perspective de la vie.
Un roman d'ambiance, on y fait de belles rencontres nous aussi comme lecteur.
J'ai préféré noté quelques passages que j'ai aimé, plutôt que d'en dire davantage sur ce roman tout en couleur de Bretagne!
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Page 94 - Les soubresauts de rire cessent après un bon moment, et Armelle s'excuse mollement, sous les yeux ébahis d'Emma, impressionnée par cet élan d'émotion.
«Et..., poursuit-elle troublée, il est pianiste, donc. Pianiste professionnel?
- À vrai dire, je n'en sais rien. On l'entend très souvent travailler à son piano, quand on passe sous ses fenêtres. L'été, parfois, des gens apportent une chaise et s'installent discrètrement dans la rue, pour l'écouter. C'est si beau, ces notes qui s'éparpillent au vent. Lui, il n'aime pas cela, mais que voulez-vous qu'il dise? L'ai est à tout le monde.»
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Page 128 - «Juchée sur son muret, un foulard noué autour de ses cheveux blonds, Emma, songeuse, regarde l'Heol Sun approcher. Le vent pique ses joues. Elle a froid.
La mer houleuse de fin de nuit n'a pas faibli. Les moutons d'écume ébauchent de petites virgules blanches, ponctuation de son humeur du jour, mi-belliqueuse, mi-séductrice. Miroir d'un ciel incertain, la couleur changeante de l'eau - entre le bleu sombre et et vert jade - contribue à la variabilité de l'atmosphère, beau temps à venir ou embellie passagère.
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Page 136 - « Soudain plus sérieux, Ronan balaie de la main ce bout de terre autour d'eux. «Voyez-vous, j'ai toujours eu un faible pour ceux qui ont des conditions difficiles, mais qui veulent s'en sortir. L'exemple de Sein, sûrement. L'île forge les caractères, et apprend à se satisfaire de ce que l'on a. Mieux: à en tirer le meilleur parti. Même si on a très peu. Ici, le moindre bout de bois flotté trouvé sur la plage représentait une fortune, il n'y a pas si longtemps...»
Emma baisse les yeux et fixe ses chaussures trop neuves. Elle en a des dizaines. Certaines, elle ne les a jamais portées. Elle a l'impression que Ronan l'entend penser. «Mais vous savez, ajoute-t-il avec gentillesse, le plus important de tout, ce n'est pas de gâcher sa chance. Sa chance d'être soi.»
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J'en aurais d'autres extraits comme ceux-ci, mais je vous laisse le plaisir doux et amer parfois de les découvrir.
Une belle fin... :)
De bons livres à ajouter dans votre bibliothèque où... Pile à lire! :)
J'ajoute ici un autre billet un peu plus complet