Noël à Kingscroft
Mylène Gilbert-Dumas
vlb éditeur
Littérature québécoise
Novembre 2021
168 pages
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Quatrième de couverture
Décembre 2020. Clarisse, qui a six filles, élève seule les quatre plus jeunes dans la maison de sa grand-mère, aux abords du hameau de Kingscroft, sur les hauteurs des Cantons-de-l'Est. Raymond, patriarche affectueux quoiqu'un brin malcommode, vit dans la maison d'à côté. Tandis qu'il s'évertue à transmettre à ses petites-filles les traditions de Noël, Clarisse, dans le secret de son coeur, ne cesse de penser à Rabih, son autre voisin, parti pour un long séjour dans sa Syrie natale. Le voyage a pour but de contenter sa mère, qui compte bien lui trouver une épouse. Tout en affrontant les imprévus qui viennent l'un après l'autre chambouler ses projets de réveillon, Clarisse se remémore leur histoire. Elle doit se rendre à l'évidence : ce qu'elle ressent pour Rabih est plus que de l'amitié…
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Mon avis En débutant ce roman, qui a pour thème Noël et la famille, vous, vous sentirez bien, au milieu des personnages créés par la romancière. Des gens de tous les âges. Grand-Père Raymond habite tout près de sa fille Clarisse, qui elle, est dans la maison familiale avec ses 4 filles. Les deux autres habitent à Montréal et poursuivent leurs études.
L'histoire se passe en 2020 durant la Covid-19, avec toutes les mesures sanitaires imposantes à respecter. Ce qui fera d'ailleurs un récit témoin de ce passage dans le XXI siècle. Les chapitres s'imbriquent les uns aux autres. C'est à dire qu'une part se passent dans les préparations de Noël à venir et l'autre raconte des événements durant les mois de cette année où elle a fait la connaissance de Rabih.
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Pour vous donner une idée du genre de roman, j'ai choisi des passages d'ambiance.
Les premières phrases du chapitre premier qui donne le ton sur le lieux où se passent ce temps de Noël.
«Cette histoire s'est déroulée dans les environs du hameau de Kingscroft, sur les hauteurs des Cantons de l'Est, à vingt minutes de la frontière américaine. Autrefois village prospère avec une croix de chemin, une auberge, un bureau de poste, une église, un magasin général et une école, Kingscroft ne comptait plus désormais qu'une poignée de maisons. Et, bien que la croix de chemin fût toujours en place, il fallait prêter attention pour l'apercevoir, surtout l'hiver, tant sa silhouette étroite se fondait sur le blanc des champs couverts de neige. Seule l'ancienne église attirait le regard. Unique attrait du hameau, elle dominait le paysage de son haut clocher d'où on avait une vue imprenable sur les Appalaches. Elle avait été érigée tout au bout d'un vaste pré communal, aussi peu fréquenté d'ailleurs que l'église elle-même.»
Chapitre 7 ...
«Le soleil approchait déjà du sommet des montagnes quand Clarisse rentra de faire ses emplettes en ville l'après-midi du 3 décembre. ... <...>
Émilie-Rose se rendit dans le garde-manger, au fond duquel se trouvait le congélateur. Elle en revint avec quatre gros sacs de bleuets. Lisant la perplexité dans le regard de son père, Clarisse lui adressa un clin d'oeil discret.
- Vous avez donc bien travaillé fort! s'exclama Raymond, jouant le jeu. J'espère que vous allez faire des tartes avec ça.
Sans attendre de réponse, il entreprit de leur décrire comment ils allaient procéder pour repérer leur arbre. Clarisse écouta ces explications d'une oreille distraite.
Elle avait commencé à préparer le souper et se réjouissait. Pour rien au monde elle n'aurait voulu être ailleurs. Ni être quelqu'un d'autre. Ni une femme avec moins d'enfants. Ni une femme de la ville, ni une femme sans famille. Elle était heureuse, même si sa vie comportait son lot quotidien de chaos, d'incertitudes et de déceptions. Un lot peut-être un peu plus lourd cette année-là à cause de la pandémie.»
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«Clarisse examina sa petite collection de DVD, y puisa son film de Noël préféré et le glissa dans le lecteur. C'était un vieux film avec Olivia Newton-John et Gregory Harrison. Elle l'avait découvert pendant qu'elle attendait sa troisième fille et y avait entendu pour la première fois le prénom d'Emilie-Rose. Cela lui avait tellement plu qu'elle l'avait donné à l'enfant qu'elle portait. Depuis, La romance de Noël constituait la trame de fond de la décoration du sapin.
( Un film de Noël que j'avais beaucoup aimé!)
Le deuxième dimanche de décembre, année après année et ce depuis dix-huit ans, elle y retrouvait l'ambiance qui la touchait au coeur. Il n'y avait pourtant rien de bien réaliste dans cette histoire d'amour entre un banquier et une jeune veuve, mais Clarisse s'était identifiée à cette femme qui, comme elle, savait tout faire. Comme elle aussi, elle élevait seule ses filles. Et rien que des filles. Elle habitait également une vieille maison à la campagne. Une maison qui avait toujours appartenu à sa famille. Et chez elle aussi, il arrivait que l'argent se fasse rare. En fait, la seule véritable distinction entre les deux femmes, c'était que Clarisse pouvait compter sur son père parce qu'il habitait la maison voisine.»
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Vous pouvez lire ICI le billet de Geneviève 'Mon coussin lecture' ou j'ai pu noté cet excellent roman.