Une fille de pasteur
George Orwell
Le livre de poche
381 pages
Quatrième de couverture: Fille unique, Dorothy vit une existence morne avec son père, le pasteur acariâtre d'une petite paroisse du Suffolk. Frappée par une soudaine amnésie, elle se retrouve à la rue et va partager l'existence des déshérités, des clochards de Londres aux cueilleurs saisonniers de houblon. Mais à mesure que la mémoire lui revient, Dorothy trouvera-t-elle en elle-même la force d'aspirer à une autre vie?
Publié en 1935 et inédit en français jusqu'en 2007, "Une fille de pasteur" est l'un des premiers romans de George Orwell.
Avec une lucidité et une acuité implacables, Orwell dépeint l'hypocrisie, la pauvreté et la misère spirituelle qui vont accompagner Dorothy dans son odyssée à travers l'Angleterre des années 1930.
C’est en Juin ou Septembre 2009 que j’ai rencontré cet auteur dont j’avais entendu parler via "La ferme des animaux".
Je suis entrée dans la librairie tout en longueur avec ses planchers de bois qui « cracouillent » de temps en temps et ses lumières un brin jaunâtre et tamisées. Chaque année en juin ou en septembre, j’aime bien, comme une sorte de rituel aller dans cette librairie. J’entre et je regarde les nouveautés. Je monte une marche ou deux qui mènent vers les livres. Que des livres. Les tables sont mises. Collections de poches, nouveaux arrivages…. Je me souviens c’était justement le jour où l’on venait de recevoir "Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates"……
Après avoir fait le tour, je me rends toujours au fond à gauche. C’est là que sont les auteurs de littérature anglaise. Attirée par ce petit livre tout rose debout sur les rayons, avec en page couverture ce vieux réveil matin. Je le trouvais tellement joli. Je me suis approché, j’ai lu la quatrième de couverture et j’ai tout de suite aimé cette Dorothy qui me rappelait les sœurs Brontë, elles même filles de pasteur, vivant dans un presbytère. Sauf que la vie de Dorothy se passe en 1930.
Une ou deux semaines plus tard j’ouvrais le livre et je lu :
Chapitre I
Lorsque le réveil retentit sur la commode telle une épouvantable petite bombe de bronze, Dorothy, arrachée des profondeurs d’un rêve complexe et troublant, sursauta et se redressa en regardant les ténèbres dans un état d’épuisement extrême.
***
J’ai beaucoup aimé ce roman de Georges Orwell. J’étais fascinée et surprise un peu plus à chaque chapitre. Je me demandais toujours où est-ce qu’il m’emmenait avec cette histoire. Je trouvais le déroulement différent, les personnages intéressants. Son père, tellement dur avec sa fille et son entourage :
« N’ayant pas les moyens d’employer un vicaire, il laissait toute la sale besogne de la paroisse à sa femme, puis après la mort de celle-ci à Dorothy. »
Dorothy devait s’occuper des dettes de son père. Une sorte de M. Scrooge froid et radin.
Un soir qu’elle voulait parler un peu avec son père :
« Quelle drôle de journée, vous ne trouvez pas? dit-elle, consciente à l’instant où elle la prononçait de l’inanité de sa réflexion.
- Drôle en quoi? S’enquit le pasteur
- Eh bien, je veux dire, il y avait du brouillard et il faisait si froid ce matin, et maintenant le soleil s’est levé et il fait très beau.
- Peux-tu me dire ce qu’il y a de particulièrement drôle là-dedans? »
C’était mal parti, à l’évidence. Il avait dû recevoir de mauvaises nouvelles, pensa-t-elle. Elle essaya de nouveau.
« Père, j’aurais aimé que vous veniez avec moi à un moment ou un autre pour voir le jardin de derrière. Les haricots grimpants sont si magnifiques! Les cosses vont bien faire trente centimètres de long. Évidemment, je vais garder les meilleures pour la fête des moissons. J’ai pensé que ce serait tellement joli de décorer la chaire avec des guirlandes de haricots grimpants et quelques tomates qui prendraient au milieu. »
C’était un faux pas. Le pasteur leva les yeux de son assiette avec une expression de profond dégoût.
« Ma chère Dorothy, dit-il brusquement, est-ce qu’il est vraiment nécessaire de commencer déjà à m’embêter avec la fête des moisson?
- Pardon, Père! fit Dorothy, déconcertée. Je ne voulais pas vous embêter. Je pensais seulement…
- Crois-tu, que j’éprouve le moindre plaisir à dire mon sermon au milieu de guirlandes de haricots grimpants? Je ne suis pas un marchand de fruits et légumes. Ça me gâche mon petit déjeuner de penser à ça.
Voilà pour le père de Dorothy. C’est après en allant faire ses courses qu’elle perdra la mémoire. Elle fera des rencontres, vivra des choses et sa foi sera remise en question.
Un bon moment de lecture!
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