La dame blanche (Emily Dickinson)

Christian Bobin

Folio poche

124 pages.

Quatrième de couverture:  Derrière la porte fermée à clé de sa chambre, Emily écrit des textes dont la grâce saccadée n'a d'égale que celle des proses cristallines de Rimbaud.  Comme une couturière céleste, elle regroupe ses poèmes par paquets de vingt, puis elle les coud et les rassemble en cahiers qu'elle enterre dans un tiroir.  "Disparaître est un mieux."

 

Mon avis: Emily Dickinson m'a toujours fasciné.  Pourtant, je ne suis pas une grande consommatrice de poésie.  J'ai lu quelques-uns de ses poèmes mais sans plus. 

C'est la personne qui m'intéressent.  La plupart des ouvrages font hommage à sa poésie. Étant donné qu'Emily Dickinson sortait très peu de chez elle, il semble que seule sa correspondance et ses poèmes témoignent de certaines habitudes de vie. 

Sarah Ban Breathnach en parle et la cite à quelques reprises dans son livre:  L'Abondance dans la simplicité.   Un extrait p. 229

"Saviez-vous qu'Emily Dickinson, qui était célibataire, s'est très rarement absentée de son foyer après l'âge de trente-quatre ans et était une fervante femme d'intérieur?  On raconte en effet que c'étaient la cuisine et l'écriture de poèmes qui lui procuraient ses plus grandes extases.  Et comme la majeure partie de ses poèmes n'ont été publiés qu'après sa mort, survenue en 1886, ce furent d'abord ses talents culinaires qui firent la renommée de la belle d'Amherst, au Massachusetts.  Parmis les délices dont elle connaissait les secrets, il y avait un savoureux cake aux fruits qu'elle servait à l'heure du thé et du succulent pain d'épice qu'elle distribuait de sa fenêtre aux enfants pauvres du voisinage.  "Je ne quittes pas la maison à moins qu'une urgence m'y contraigne, écrivait-elle à une amie en 1854, et même alors, j'y vais à reculons, ou fais marche arrière si je le peux."

L'ouvrage de Christian Bobin est tellement bien écrit.  Il a vraiment fait ressortir "la personnalité d'Emily".  C'est un livre que j'ai savouré.  De toute façon, je crois que Christian Bobin ne sait pas écrire autrement que bien.  Même une biographie qui pourrait être plus "cérébrale" (est-ce le bon mot?) chronologique...  Non.  À un point tel, que lorsque j'ai commencé à lire ce livre "La dame blanche" je croyais lire un roman.  Surtout qu'il n'est nullement question d'Emily Dickinson sur la quatrième de couverture.  On parle d'une certaine "Emily" mais sans plus. 

Son texte commence avec la mort d'Emily avant d'ouvrir une parenthèse sur sa petite enfance.  Mais toujours la lumière, les parfums et les champs de boutons-d'or sont présents.

Extrait p. 13 -  "Quand ce sera mon tour de recevoir une couronne mortuaire, je veux un bouton-d'or."  Le souhait d'Emily est exaucé:  le pré derrière la maison est brûlant de milliers de boutons-d'or.  Il appartient au Dickinson;  même morte, elle ne sort pas de chez elle et passe sans transition de la chambre d'écriture au trou creusé dans la terre par la pelle luisante du fossoyeur d'Amherst. 

P. 36 - La famille Dickinson, durant la petite enfance d'Emily, n'est que locataire d'une partie de la maison de briques. (...) Sa mère recommande à Emily de ne pas aller seule dans les bois environnants:  les serpents l'y piqueraient, les fleurs l'empoisonneraient et un sorcier l'enlèveraient.  L'enfant que ces dangers émerveillent s'échappe, bat la campagne, revient, dit n'avoir vu "que des anges" encore plus intimidés qu'elle par cette rencontre.

Chacun fait de son malheur sa maison même.  Plus que dans la maison de bois ou dans celle de briques, Emily passe son enfance dans le coeur de celle qui, pour ne pas exister, existe trop.  La broche étincelle sur la maigre poitrine maternelle.  Les rares sourires de la divinité sont inoubliables.  "Les deux choses que j'ai perdues dans l'enfance:  le ravissement de perdre mes souliers dans la boue et de retourner à la maison pieds nus, cherchant dans l'eau les fleurs rouges cardinal, et les reproches de ma mère, plus par souci pour moi que par vraie contrariété, car si elle fronçait les sourcils, c'était en souriant."

Une biographie toute en élégance!...

Si vous avez lu des choses intérêssantes sur Emily Dickinsons, ne vous gênez pas de venir les partager!

Comments

[Thomas_]

Moi c'est surtout sa poésie qui m'intéresse. Je ne suis pas vraiment un lecteur de biographies. Sauf rares exceptions. Ça l'air court, je pourrais peut-être lire ce livre-là, vu que je ne connais pas grand chose d"Emily Dickinson en dehors de son œuvre.