Chez les Zola
Edition Payot
2006
170 pages
Quatrième de couverture: Beaucoup des lecteurs de Zola lui manifestent un attachement sentimental tout en s'étonnant de ne rien savoir de lui. C'est qu'il s'est bien peu livré: pas de journal intime, pas de mémoires, une correspondance professionnelle, même quand elle est amicale. Sociable, fidèle secret: tel fut l'écrivain. Cette façon d'être avec les autres tout en se retirant son goût nostalgique du passé et sa croyance dans la modernité, sa religiosité et son amour des symboles se reflètent et se lisent dans la maison acquise en 1878 à Médan, au bord de la Seine, avec l'argent que lui a rapporté l'immense succès de L'Assommoir.
Cette "cabane à lapin" a été agrandie à son idée avec la construction des tours Germinal et Nana, décorée et meublée à son image, à la fois abri et fantasme, miroir et vitrine: autoportrait d'Émile Zola, en somme. S'il y reçoit son éditeur et ses amis pour de belles parties de campagne, il s'y enferme le plus souvent pour écrire, avec à ses côtés Alexandrine, l'indispensable et bienveillante épouse. C'est pourtant dans cette maison même qu'en 1888 il tombera amoureux de la lingère Jeanne Rozerot; elle lui donnera deux enfants.
* * *
Mon avis: J'ai trouvé cette biographie toute en finesse, puisque c'est la maison de Médan qui est le sujet du livre. Mais pour Evelyne Bloch Dano, c'est un beau prétexte pour nous faire connaître différentes parcelles de vie du couple Zola. C'est un peu la psychologie de la maison qui permet de dévoiler des traits de personnalité des Zola.
Grâce aux revenus confortables que lui procure le succès de l'Assommoir. ("Il a 37 ans et le chemin a été long jusqu'à la réussite.") il trouve son bonheur: une toute petite maison, en pierre, à l'entrée de village de Médan. Un bout de jardin, une voie ferrée, des prairies et surtout derrière un rideau de trembles, de peupliers et de saules, la Seine, avec ses îlots de verdures et son cours nonchalant... p. 29
En même temps qu'il commence les rénovations de la maison, il commence aussi la rédaction de "Nana".
"Les deux activités se complètent et contribuent au même objectif. Ainsi écrit-il à Flaubert: "Moi je travaille beaucoup. Comme distraction, je vais faire bâtir. Je veux avoir un vaste cabinet de travail avec des lits partout et une terrasse sur la campagne". Le romancier songe d'abord à son lieu de travail." p. 38 Et il ajoute dans la même lettre:
"Il me prend des envies de ne plus retourner à Paris, tellement je suis tranquille dans mon désert. Jamais je n'y ai vu plus clair. Je suis très satisfait de mon roman." p. 39
En 1882 les revenus de "Pot-Bouille" permettent d'installer une ferme, des serres, une basse-cour, et même des volières.
En 1885, le succès de "Germinal" permet la construction d'une tour hexagonale, qui flanque le bâtiment primitif sur sa gauche. On l'appellera la "tour Germinal". le succès de "Germinal"
Tout au long du livre on comprend que sa maison s'agrandit à la mesure de ses succès. Pour ceux qui ont lu beaucoup de son oeuvre, cette biographie sera très intéressante, car toujours, il y a un lien entre la maison et le roman ou vice-versa. Car dans ses romans il s'inspire de son intérieur pour (comme sa salle de billards; lieu béni pour recevoir ses amis) pour en faire des descriptions.
Un extrait p. 58 - "Si le cabinet de travail peut être défini par une certaine fonctionnalité, y compris dans ses aspects les plus anachroniques, le salon-billard, lui, est conçu comme un lieu de plaisir, d'intimité personnelle, familiale, amicale. Le cabinet de travail est une réponse à la question: Comment écrire? Le salon-billard est une réponse à la question: comment être heureux? Et Dieu sait si pour Émile Zola, éternel inquiet, profondément tourmenté, hanté par la mort, cette question eut du mal à trouver une réponse.
P. 67 - J'ai noté: "L'Aspect hétéroclite de la construction peut certes de lire comme un signe social, l'absence d'éducation en matière de goût architectural et décoratif. L'ancien locataire des garnis parisiens et des pavillons de banlieue ne sait pas composer un ensemble cohérent et harmonieux, il procède par ajouts, dans une visée à court terme.
Entre les pages 96 et 97, on peut voir des photos du village de Médan, la maison, le chalet du Paradou dans l'île de Médan. Une photo intitulée: L'heure du goûter à Verneuil: Jeanne Rozerot et ses deux enfants, Denise et Jacques. Les enfants de Zola qu'il a eu avec la lingère, (Jeanne Rozerot). et une phot de M. et Mme Zola en septembre 1902. On peut voir la maison sur ce site...
http://www.cahiers-naturalistes.com/histoire_de_médan.htm
J'ajoute la table des matières:
Prologue
I. Le train
II. La Seine
III. Installation
IV. Le style Zola
V. Dans le secret du cabinet
VI. La vie de campagne
VII. Les Soirées de Médan
VIII. La terre
IX. La maison sans enfants
X. La plus belle page
EPILOGUE.
J'ai bien aimé cette petite biographie (seulement 171 pages) car selon moi, l'auteure donne juste assez de détails sur Zola pour avoir le goût de connaître davantage ses romans.
Une belle lecture!