Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La maison de Millie
20 octobre 2011

Les carnets de Jane Somers - Journal d'une voisine

976300_gfDoris Lessing

Journal d'une voisine

Les Carnets de Jane Somers 1

Le livre de poche

Quatrième de couverture:  La brillante rédactrice en chef d'un magazine féminin rencontre une vieille femme malade et misérable, lui vient en aide et se lie profondément avec elle.

Outre une peinture très vivante et colorée du Londres de 1983 (année de publication) la description des rapports qui se nouent entre les deux femmes, de cette tentative d'apprivoisement de l'une par l'autre et des combats désespérés de la vieille dame pour sauver sa dignité et son autonomie, est véritablement admirable. 

Grave, tendre, écrit avec un remarquable mélange de force et de sensibilité, Journal d'une voisine est un roman qui continuera de vous hanter longtemps après que vous en aurez terminé la lecture. 

Un roman fort et bouleversant.

* * *

Mon avis:  J'ai lu ce roman peut-être autour de 1987 et c'est tout à fait vrai quand on dit 'vous serez hanter longtemps après que vous en aurez terminé la lecture.' 

C'est un de ces romans que je n'ai jamais oublié.  C'est une lecture qui remets des idées en question, et je suis certaine qu'il est encore très d'actualité.  Si j'avais eu un blog à l'époque c'est sûr que j'en aurais fait un billet.  Je me reprends, maintenant que j'ai la chance de vous le suggérer.

L'avis de Gérard Collard de la librairie La Griffe Noire (Saint-Maur-des-Fossés)

Ce livre est une claque qui remet en cause toutes nos certitudes de jeunesse, particulièrement celles de ne jamais vieillir ou en tout cas pas comme les autres. Terrible illusion, combat perdu d'avance.
Avec humour, tendresse, lucidité et acuité, Doris Lessing pointe toute l'intensité de la tragédie humaine.
Jamais naïve, toujours lucide, elle nous captive et nous fait découvrir nous-même en même temps que les autres.
Pour nous, c'est un des plus grands romans du XXème siècle, notre préféré de Doris Lessing et qui justifie à lui seul son prix nobel de littérature.
Il appartient à ces livres qu'il est indispensable de lire dans sa vie pour être pleinement soi-même et à l'écoute des autres. Mais c'est aussi et surtout un roman captivant, très agréable à lire, acessible à tous, inoubliable, qui réconciliera les plus réticents avec la lecture, les livres et la littérature.

* * *

Un extrait de la rencontre entre Jane Somers et Maudie Fowlers.  Elles sont à la pharmacie...

....."Sans savoir pourquoi, dès cet instant, je me suis prise de sympathie pour elle.  Je me suis chargée du papier qu'elle me tendait en sachant pertinemment que je me chargeais ainsi de bien autre chose.

-  "D'accord, lui ai-je dit, mais pourquoi?  Il n'est pas gentil avec vous?"  

Je plaisantais, mais elle a répondu immédiatement en secourant vigoureusement sa vieille tête:

"Non, il n'est pas gentil du tout, je ne sais jamais ce qu' "il" veut dire."

Lui, c'était le jeune pharmacien qui se tenait là, les mains sur le comptoir, alerte et souriant.  J'ai compris qu'il la connaissait bien. 

"C'est une ordonnance pour un calmant", lui ai-je dit.

Elle a répondu:  "Je sais bien", et a plaqué ses doigts sur la feuille de papier que j'avais étalée sur mon sac. "Mais ce n'est pas de l'aspirine, n'est-ce pas?"

Je lui ai dit "C'est du Valium".

-  C'est bien ce qu'il me semblait.  Ce n'est pas un clamant, c'est un stupéfiant", a-t-elle dit. 

Il s'est mis à rire, et a observé:  "Ce n'est pas si méchant que celas." ....  Voudriez-vous que je vous vende de l'aspirine, Mrs Fowler?

-  Oui, oui, je ne veux pas de ces drogues eui vous abrutissent."

Il lui a tendu l'aspirine, a pris sa monnaie qu'elle a comptée lentement, pièce par pièce, en l'extrayant des profondeurs d'un vaste sac rouillé. 

  Arrivée sur le trottoir, elle ne m'a pas regardée, mais l'appel était manifeste.  Je marchais à côté d'elle, c'était difficile de marcher si lentement.  Habituellement, je cours, mais je ne m'en étais jamais rendu compte.  Elle faisait un pas, s'arrêtait, examinait le trottoir, puis faisait un autre pas.  Je me disais que tous les jours je filais sur ces trottoirs sans avoir jamais vu Mrs Fowler qui pourtant, habitait près de chez moi; et, tout d'un coup, je me suis mise à observer les rues, et j'ai vu les vieilles femmes.  Il y avait aussi des hommes âgés, mais surtout des vieilles femmes qui déambulaient lentement, qui se tenaient debout deux par deux ou par petits groupes pour bavarder, ou assises sur un banc au coin de la rue sous le platane.  Je ne les avais jamais vues.  C'est parce que j'avais peur de leur ressembler.  J'avais peur, aussi, en avançant à côté d'elle.  C'était son odeur, une odeur douce, rance, poussiéreuse.  Je voyais la crasse sur son vieux cou décharné et sur ses mains.

Devant la maison, il y avait un parapet cassé et quelques marches fendues et usées.  Sans me regarder - elle n'allait certes pas me prier de l'accompagner - elle a descendu précautionneusement le vieil escalier et s'est arrêtée devant une porte mal ajustée, en travers de laquelle on avait cloué, pour la consolider, une grossière planche de bois.  Bien que cette porte.....elle a ouvert. 

Je suis entrée avec elle, écoeurée de pitié, nausaéeuse aussi, à cause de l'odeur, une odeur, ce jour-là, de poisson trop cuit.  Nous nous trouvions dans un long couloir obscur, que nous avons suivi jusqu'à la "cuisine":  je n'avais jamais rien vu de pareil, si ce n'est dans le dossier "Détresse" de notre magazine, où figurent les maisons condamnées, etc.  C'était un simple prolongement du couloir, qui comportait un vieux réchaud à gaz, noir et graisseux, un vieil évier blanc en faïence, ébréché et jaune de graisse, un robinet d'eau froide entortillé dans de vieux chiffons, qui fuyait.  Sur une table en bois à peu près convenable étaient posées des assiettes en faïence "lavée" mais crasseuse.  Les murs étaient tachés, humide.  Et partout cette odeur nauséabonde, épouvantable...  Elle ne me regardait pas, en déposant le pain, les biscuits, les aliments pour le chat.  Les couleurs des emballages contrastaient avec la misère de la pièce.  Elle avait honte, mais n'allait pas s'excuser.  D'un air à la fois détaché et engageant, elle dit:  "Allez vous installer dans la pièce du fond". "  p. 16 - 17.

Et c'est comme ça que Jane Somers continuera d'écrire dans ses carnets sa relation avec Maudie.  Elle sera 'Bonne voisine'  un organisme aidant les personnes dans le besoin.

Vraiment un roman bouleversant à lire et à relire... RT1CAB1DNYDCAO93O72CAHOEMFVCAQ7LRR0CAMGZ3XZCABDKIDUCAC0Y8NWCAPKSLL3CANNEYWJCAZDWX9GCA2Z0QZWCA3D6QGWCAM801JFCAM5GQ1CCAPLOLP5CA7BWVGJCA8BU6S0CAZ7MTJ2 un 10/10 pour moi!

UNRCAKK7HS3CABODO1FCAHS0KLOCA2AKZTECACMH0RICAD0KQ96CAFFTN8SCAEYLA4JCAHHOM3WCA7RD9P6CASFKYYRCARD5ESGCAKZSXTVCAC52ZSACAQ197R9CA9JUSCVCA3FMLKACA6WBHB8

Publicité
Publicité
Commentaires
La maison de Millie
  • La lecture est sans aucun doute mon passe-temps favori. Mais aussi les images, le passage des saisons comme les passages de certains auteurs. N'hésiter pas à laisser vos commentaires afin de partager nos goûts communs.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
La maison de Millie
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
31 abonnés
Pinterest
Publicité