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La maison de Millie
28 décembre 2011

Karen et moi

1202617_gfNathalie Skowronek

Arléa

Août 2011

146 pages.

 

J'ai découvert ce roman chez Alinéa - http://alineabook.blogspot.com/2011/09/karen-et-moi-nathalie-skowronek.html 

Je viens tout juste d'en terminer la lecture.  J'ai aimé ce livre mi-roman, mi-biographie et aussi la façon dont l'auteur a partagé les paragraphes tout au long du livre.  Quelques-uns écrits pour Karen Blixen, mais d'autres contiennent les comparaisons qu'elle a noté entre sa vie et celle de Karen.  Et ce sont ceux-là qui ont retenu mon attention.

L'auteure se reconnaît dans Karen Blixen, elle s'identifie à elle dans son cheminement.  Pour elle Karen Blixen est une sorte d'âme soeur littéraire. 

Sa démarche d'écriture m'a fascinée.  Pendant que je la lisais, je repensais à un billet que j'avais fait "Aller à la bibliothèque".  J'écrivais:   

"De temps en temps, je prenais plaisir à regarder bien malgré moi, un ou une abonnée  se promener doucement entre les rayons à la recherche du "bon" livre.   Je l'enviais presque."

J'ai ressenti la même chose en lisant ce livre.  Nathalie S. regarde Karen et en fait un roman, mais moi je regarde Nathalie S. regarder Karen... et j'aime beaucoup regarder quelqu'un écrire. 

Quand je vois quelqu'un en train d'écrire, c'est une image de bonheur pour moi.  Ce peut être dans un café, ou dans une pub.   Je vois parfois quelqu'un installé à une terrasse, auprès d'une fenêtre au crépuscule.. Tout de suite mon attention est paralysée par cette activité solitaire. 

Je me souviens d'une belle scène au cinéma.  Gwyneth Paltrow qui écrit sur une table, c'est le début de l'automne et elle s'est installée dehors pour travailler.  Elle porte un gros gilet de laine crème.  Je crois que c'est dans le film "Le talentueux Mr. Ripley...??? Je ne me souviens pas beaucoup de l'histoire, c'est vague, mais cette scène, je l'avais trouvé tellement belle. 

Regarder une personne en train d'écrire stimule tellement l'imagination, elle suscite des questions.  La personne est dans son territoire à ne pas franchir, elle est dans une bulle, elle se receuille, la scène dégage un bien-être.   Je suis curieuse mais je n'ai jamais osé aborder une personne en train d'écrire.  J'aurais l'impression de violer son intimité.

Probablement que les personnes qui aiment la solitude occasionnelle et l'écriture comprendront ce que je veux dire. 

Pour revenir au roman de Nathalie Skowronek, j'ai préféré les passages où elle décrit ses sentiments que les passages voués à Karen Blixen.  Car sa vie en Afrique  m'intérêsse plus ou moins.  J'aime mieux sa vie au Danemark.  J'ai noté quelques extraits que j'ai vraiment aimé: 

"Je t'imagine, Karen.  Je prends appui contre le bord de ta fenêtre et te regarde écrire, seule à la table de travail de ton bureau danois.  Personne n'ose te déranger, tu es ici mais tu es là-bas, et le soleil du Nord se couche bien avant toi.  Je t'imagine te tournant vers Dusk, ton chien revenu d'Afrique, enfin un de ses descendants, somnolant dans un coin de la pièce, et je t'entends lui chuchoter:  Et toi, Dusk, est-ce que tu te souviens?"  p.14 

"Mes parents m'appelait Épinglette   Je parlais peu, je n'étais jamais très engageante.  J'avais l'impression d'être ailleurs, ou bien c'étaient eux qui n'étaient pas tout à fait présents.  Chacun vivait dans sa bulle.   Dans la leur, il y avait de l'animation et des rires, l'apparence d'une vie normale; dans la mienne, il y avait des rêves et des mots.  Je m'enfermais beaucoup dans ma chambre quand je n'étais pas au fond du jardin, dans la petite serre que j'entretenais, en train de lire.   J'ai passé mon enfance et mon adolescence plongée dans un livre.  J'en avais toujours un sous la main:  dans mon cartable, sur ma table de chevet, dans la poche arrière de mon jean.  À l'école j'étais celle qui passait son temps à lire.  Cela sonnait un peu bizarre, mais je ne me sentais pas capable d'autre chose.  Je n'arrivais pas à comprendre le monde autrement.  D'une certaine manière, les livres faisaient écran entre les autres et moi.  Je me cachais en même temps que je m'évadais.  J'ai rejoint les montagnes suisses avec Heidi, l'Amérique avec Tom Sawyer, une île déserte avec Vendredi.  Chaque lecture en amenait une autre.  Je me suis enfoncée de plus en plus loin.  J'avais envie de liberté, de soleil et de grand air." p. 17

RT1CAB1DNYDCAO93O72CAHOEMFVCAQ7LRR0CAMGZ3XZCABDKIDUCAC0Y8NWCAPKSLL3CANNEYWJCAZDWX9GCA2Z0QZWCA3D6QGWCAM801JFCAM5GQ1CCAPLOLP5CA7BWVGJCA8BU6S0CAZ7MTJ2  "Durant des années, tous les matins, très tôt, j'ai promené mon chien dans la forêt.  Je l'avais recueilli un mois après mon mariage, il s'appelait Boots, comme le chien des nouvelles de Kiplings, c'était le premier chien que j'adoptais sans l'accord de mes parents.  J'écoutais  de la musique pendant que mon chien courait.  Je le regardais s'éloigner et revenir.  Cela me faisait du bien, je me perdais dans mes pensées, j'imaginais les livres que j'espérais un jour écrire.  Virginia Woolf n'était jamais loin, elle me parlait, je l'appercevais entre les branches des arbres.  Cette forêt, c'était ma chambre à moi, le seul endroit où je pouvais avouer mes rêves de poésie.  Mon chien et moi étions les seuls à savoir.  p.58

"Je le porte en moi, ce livre que je voudrais écrire.  Je voudrais raconter la vie de Karen Blixen.  Cette femme me parle.  Karen est ma soeur, son chemin est le mien.  Je voudrais dire ses désirs, ses épreuves, son besoin d'exister.  Tracer les contours de ce qui l'amène à créer.  J'ai l'impression qu'en parlant d'elle j'arriverai à parler de moi."   p. 75

Bref, ce fut une lecture bien spéciale pour moi.  J'ai aimé regarder penser l'auteur ou le personnage du roman ??? J'imagine qu'un naît de l'autre!  Mais j'aurais juste envie de reprendre le livre du début et lire en boucle les passages qui parlent du 'chemin intérieur'. 

En terminant voici quelques bouts de l'endos du livre:  On dit:  "C'est d'abord l'histoire d'une rencontre, que seule la littérature rend possible, entre un écrivain magnifique, Karen Blixen, et une petite fille de onze ans qui lit La ferme africaine sous une tente.  Le temps passant, la petite fille solitaire est devenue une jeune femme qui entreprend d'écrire la biographie de celle qui l'accompagne depuis toujours.

Plus elle s'enfonce dans son récit et plus elle découvre que la Karen de ses rêves la renvoie à sa propre existence et à ses aspirations enfouies.

Commence alors un long chemin intérieur, où le sentiment d'étrangeté et les désirs contenus sous les apparences d'une vie rangée sont autant de liens secrets qui réunissent les deux femmes.  Karen et moi, ou comment se sauver par l'écriture."

Je me suis sentie près de ce livre. :)  Quant à Karen Blixen, Je suis tout près de lire:  "Le festin de Babette"

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Babette est une Française devenue domestique en Norvège, après la Commune qui l'a contrainte à l'exil.  Ses patronnes sont deux vieilles filles autères.  Le jour où elle gagne dix mille francs or à une loterie, elle leur demande de la laisser préparer un dîner fin, dans la grande tradition française.  Sa fortune y passe, mais une soirée aura effacé des années de carême.

 

F93CA1RXDNZCAB2PN23CAMI0JSOCAECKR4GCATZCZXOCADA14JCCA9GE92DCA9TQMQFCA9FN3NYCACZWPUWCAZ2Q10FCAHGT17QCAG4IYSTCA936VU1CASECNTWCAQSFHZ7CA9HGYL0CAGU6PJR Cette fois, ce sont des contes.

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