Bouquiner
Seuil
2000
198 pages
Résumé: Il suffit de lire un bouquin par mois pour avoir des manies, des préférences. Tout est plaisir, tout fait problème. Préfère-t-on lire couché ou assis, dans un fauteuil ou sur une chaise? User d'un marque-page? Emprunter? Prêter, sans espoir de retour? Se fier aux critiques, n'écouter que ses amis ou son flair? Etranger encore, toujours, au risque de devoir déménager?
Le livre ne sollicite pas seulement l'intelligence, la vue, mais l'ouïe, l'odorat, le toucher. Les muscles, les nerfs. La mémoire et l'oubli. Le coeur, le temps et l'espace. Le livre peut envahir la vie domestique, amoureuse, familiale, amicale, professionnelle.
Toute bibliothèque est une sorte d'autobiographie d'un couple, d'une tribu d'amis, d'une confrérie de lecteurs. Où chacun peut se retrouver.
Mon avis: Comme on peut voir, Annie François, en a long à dire sur les livres. Un petit livre intéressant qui donne à réfléchir sur nos manies de lecteurs. Amusant et divertissant, il s'avère une bonne lecture de détente que j'ai préféré de beaucoup à 'Pourquoi lire?' J'ai cru me reconnaître à plusieurs endroits, dans des détails..et je suis certaine qu'il en sera de même pour vous. Une belle plume!
Un extrait: Liseuse au lit
Depuis toujours, pour moi, livre et lit sont associés. <...> Les romans russes sont délice-supplice: je photographie ce fatras de consonnes qui ralentit ma lecture et je m'emmêle les pinceaux au troisième Karamazov. Ce qui ne m'empêche pas de vocaliser sur tous mots exotiques: Raskolnikov, Téotihuacan, Ziguinchor...
Enfin, je me débrouillais, lisant jusqu'à pas d'heure. Mais, toujours, une voix impérieuse m'ordonnait d'éteindre. Trahie un soir par le rai de lumière sous la porte, comme tous les enfants liseurs, je passai au stade de la lampe de poche, suffoquant sous les draps, avec de brefs périscopages pour respirer. Quand les adultes sortaient, revenue à la surface, à la clarté de la lampe de chevet, je lisais, tout mon soûl. Leurs pas dans le couloir sonnaient l'extinction des feux dans un affolement total.
Je jouis de cette liberté jusqu'à la nuit où ma mère se brûla à l'abat-jour de la lampe-pince en venant m'embrasser dans mon faux sommeil. Après ce flagrant délit, il me fallut, pour plusieurs années, replonger dans la clandestinité Wonder.
Bref, je ne lis bien qu'au lit, ou plutôt allongée. p.9-10
Un bon petit livre à traîner dans son sac, lorsqu'une envie soudaine de lire vous attaque!!!
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