Mes petites machines à vivre
JC Lattès
2011
200 pages
Découverte chez L'or des chambres
Quatrième de couverture:
«La chance a voulu que j'apprenne à me passer d'armure, à sortir de l'état d'assiégée permanente. A me protéger autrement qu'en me préparant au combat. C'est de cette longue transformation dont je veux parler aujourd'hui. De l'alchimie féconde qui m'a permis d'amadouer mes peurs et mes monstres et m'a donné les moyens de gérer la colère, le dégoût et le désarroi.»
Enfant, Maryse Vaillant s'est forgé des mécanismes d'auto-défense très personnels : migraines, cauchemars, isolement, insomnies. De véritables machines de guerre, transformées au fil du temps en petites machines à vivre. Les voici, ces chemins de traverse lumineux qu'elle nous fait partager avec bonheur.
Mon avis: Une belle découverte que ce récit personnel de Maryse Vaillant. Ce livre est différent de ce qu'on est habitué de voir dans toutes les pyramides de livres de croissance personnelle au coeur des librairies.
C'est plutôt un partage, une impression de lire une longue lettre d'une amie qui nous raconterait ses moyens de défenses, des petits bouts d'enfance, des morceaux de bien-être adopté, après les avoir essayé. Un peu comme une paire de chaussures. Il nous arrivent à chacun ou chacune d'entre nous.. un matin trop gris où on se sent tout à coup, plus hasardeux, on tire sur une ficelle invisible, pour s'appercevoir qu'au bout, tient un magnifique ballon. Parfois, le ballon tiendra 1 jour, d'autre fois, plus longtemps..peut-être toujours. Un livre très humain, qui fait du bien.
À la page 103, elle nous parle de La tristesse sans peine. Jamais, je n'ai entendu parler de la tristesse de si belle façon... Lisez ceci:
"Ce matin, je m'éveille lentement. Ce n'est pas un jour spécial. Sur mon agenda ou dans mon esprit, rien de noté qui soit bien important, pas de projet si ce n'est d'écrire, pas de souci si ce n'est de vivre. <...> Pendant que je prépare café et tartines, tout en nourrissant les quatres chats, je me surprends à ressentir un petit bonheur intime plutôt furtif, tellement discret qu'il en est presque sourd. C'est comme si une enveloppe légèrement morose nimbait mes rituels du matin, me protégeant de plus sombres pensées tout autant que de plus vifs désirs. Un rideau léger et lumineux qui me fait penser à la brume des prairies au petit matin. C'est retenu, réservé mais riche. Un peu comme l'humus odorant qui couve sous les feuilles mortes et nourrit les calices jaune d'oeuf des girolles. Si je voulais être littéraire, je pourrais parler de vague à l'âme, si je voulais être précise, d'euphorie négative.
Cela s'appelle la tristesse. Une émotion subtile qui tient à distance l'anxiété sans qu'il soit nécessaire de s'en préserver. Une très légère morosité, signe de paix intérieure, qui ne peut s'installer que lorsque s'atténue l'emprise de l'angoisse sans que soit nécessaire la maîtrise de ce qui en protège. La tristesse est chez moi un état intermédiaire reposant, à faible consommation énergétique, plus propice à la création que bien des élans enthousiastes de la pensée. Comme une musique paisible, cette tristesse me repose de la difficulté de vivre. C'est l'émotion qui parle le mieux de ma liberté intérieure."
J'aimerais bien pouvoir mettre de tels mots sur mes émotions... C'est presque de l'Art!
Ce livre est aussi offert en poche chez Marabout
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