La fièvre du printemps!
"Le sol était de moins en moins gelé, et l'air était plus doux; et il n'y avait plus qu'à compter les jours avant de pouvoir marcher sans souliers; après ça, il y aurait l'époque des billes, puis celle du lancer de canif, et puis les toupies et les cerceaux, puis les cerfs-volants, et juste après, ça serait l'été et les baignades. Il y a de quoi rendre un gars malade quand il regarde devant lui, comme ça, et qu'il voit que l'été est encore loin. Oui et ça le fait soupirer, et se sentir tout triste, comme s'il y avait quelque chose qui n'allait pas, mais quoi, il ne sait pas...
Et ça, vous savez ce que c'est? C'est la fièvre du printemps. Parfaitement, c'est comme ça que ça s'appelle. Et quand on l'a attrapée, on a envie - ah, on ne sait pas vraiment de quoi. Mais ce qui est sûr, c'est que cette envie, elle est si forte qu'elle donne mal au coeur. En fait, on dirait que la seule chose qui nous ferait plaisir, ça serait de partir, de quitter toutes ces vieilles affaires parce qu'on les voit tous les jours et qu'elles nous fatiguent."
Mark Twain, Tom Sawyer détective.
J'ai lu ce texte ce matin en terminant mon café. J'ai eu vraiment envie de le partager avec vous...:)
Il est tiré du livre de John R. Sharp
L'auteur raconte suite à cet extrait, qu'aujourd'hui, en regardant la photo de Mark Twain, avec ses cheveux hisurtes et son air plutôt renfrogné, il est difficile de voir en lui le héraut de l'expression de spring fever (fièvre du printemps).
"Pourtant, c'est bien à lui que l'on doit la popularisation du terme. Nous devons aussi remercier le narrateur Huckleberry Finn pour sa description éloquente de ce que nous ressentons très souvent à un moment ou à un autre du printemps: nous voulons quelque chose si ardemment que nous en somes chagrinés, sans pour autant savoir exactemement ce que c'est. Ce que Mark Twain n'a pas dit, c'est qu'en plus, ne pas savoir ce que nous voulons ne fait qu'accroître notre chagrin."
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