Catherine Calvert - Moments de Sérénité
Bien que plusieurs maisons m'aient hébergée au cours des étés de mon enfance, un souvenir les relie toutes. C'est le début de l'après-midi et tout est paisible. Un simple changement de coussins met doucement en mouvement la balançoire du balcon: des coussins recouverts de chintz délavé dont la légère odeur de renfermé témoigne de la longue hibernation dans le hangar. Le livre en équilibre sur ma poitrine a lui aussi une odeur de moisi, ainsi que des taches brunes héritées des trente ou quarante ans passés dans la bibliothèque du rez-de-chaussée. Cette lecture ne mettra pas mes méninges à rude épreuve: il s'agit d'un roman dont les jeunes héros échafaudent leur avenir en jouant une partie de tennis.
Je m'abandonne aux plaisirs du moment présent, écoutant le grondement de la tondeuse à gazon qui s'affaire en contrebas, observant les frelons occupés à bâtir leur nid, mâchouillant la tranche de citron qui agrémentait mon thé glacé.
Ah! les joies d'une maison d'été! <...> Nous nous y installions en un rien de temps.
Nous pouvions ajouter - ou enlever - ce que nous voulions. Parfois, nous commençions par reléguer les décorations du propriétaire - homards de plastique, filets de pêche décoratifs et mobiles affublés de mouettes - au fond d'un placard, pour pouvoir donner un bon coup de balai et nous approprier l'espace pour la durée de notre séjour.
<...> Habiller le divan d'un jeté de Marseille, changer les lampes de place, tirer la chaise la plus confortable sur le palier surplombant le lac. Tout est permis, notre confort est la priorité. <...> L'un de nous rapportait un seau de superbes coquillages, aussi roses que l'aurore, et les étalait sur la tablette de la cheminée.
Il y avait toujours des tomates qui mûrissaient sur les rebords des fenêtres, et de délicieux petits fruits cueillis sur les routes de campagne. Une plume de mouette ornait le canard de plastique, les bocaux à gelée devenaient des vases à fleurs sauvages, qui disséminaient leurs pétales sur la tables.
<...> Nous alignions sur le buffet les pots de confitures de prunes achetés à la foire d'un comité local, et accrochions au mur une rose peinte à l'aquarelle dénichée dans une vente de débarras. Tout cela nous semblait très réussi (quand nous avions le temps d'y jeter un coup d'oeil entre deux parties de tennis ou nos multiples randonnées à bicyclette en direction de la plage).
Catherine Calvert
"Porch Swings, Old Novels, and Memories of Summers Past"
The Quiet Center:
Women Reflecting on Life's
Passages from the Pages of Victoria Magazine.
Un très beau texte que j'aime relire chaque été! :)
Il est tiré du livre de Sarah Ban Breathnach
et traduit de l'anglais par Françoise Forest
et
Geneviève Boulanger