Un passage de Cathy Kelly
Les Champignons
«Ne sous-estime jamais le pouvoir d'un simple petit champignon! Quand j'étais petite, Agnes et ma mère filaient dès l'aube en été à la recherche des champignons. Personne n'aurait imaginé d'en faire pousser dans le potager à côté des pommes de terre et des choux. Ma mère disait que les champignons étaient un cadeau des fées, délicats petits coussins à aiguilles éparpillés dans l'herbe au lever du soleil. Il fallait être rapide si on ne voulait pas que le bétail les piétine.
Quand elle rentraient avec leur récolte, on posait les plus gros sur le dessus du fourneau et on y mettait un peu de sel. Rôtis de cette façon, c'était la chose la plus délicieuse qu'on puisse manger. Avec des oeufs brouillés, cela devenait un festin: une assiette de champignons dégoulinant de jus, couleur de terre, et les oeufs comme des nuages jaunes à côté.
Encore aujourd'hui, et cela fait longtemps que je n'ai pas marché dans un pré pour ramasser des champignons sauvages,
j'ai encore sur la langue le goût de ce que nous faisions rôtir sur le fourneau.
Nous aimions cette simplicité. Agnes nous avait raconté les grands festins au manoir avec les sauces qu'il fallait préparer pendant des heures. A l'époque, dans les grandes maisons, on ne jurait que par la sauce hollandaise avec les asperges. Depuis, j'ai goûté aux asperges, mais je les laisse volontiers pour un champignon rôti tous les jours.
Ces humbles champignons prouvent que parfois on découvre que les meilleures choses de la vie poussent librement et gratuitement juste sous notre nez. Eleanor, ne te presse pas, sinon tu ne pourras pas voir les champignons sauvages autour de toi.»
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Vous retrouverez ce texte dans le livre de Cathy Kelly à la page 108.
Ce sont des pages du livre de recettes de Brigid, la mère d'Eleanor.
Agnes est la soeur de Brigid, donc la tante d'Eleanor.
Un livre qu'Eleanor tranmettra à sa petite fille Gillian après y avoir rajouté ses propres conseils.