Le plus beau de tous les pays
Éditions NIL
Littérature anglaise
Octobre 2013
396 pages
Quatrième de couverture:
«Mon nom est Judith McPherson. J'ai dix ans. Lundi, il s'est produit un miracle.»
Judith grandit auprès de son père dans une ville dominée par des usines, à l'ombre des montagnes, dans un pavillon silencieux plein de reliques et de souvenirs d'une mère qu'elle n'a pas connue. Les McPherson appartiennent à une communauté, les Frères, qui vivent sous l'autorité de la sainte Bible et font du porte-à-porte chaque dimanche pour avertir de l'imminence de l'Apocalypse.
Victime de brimades à l'école, Judith trouve du réconfort dans la création d'un monde en miniature avec ses cimes de papier mâché, ses rivières en film alimentaire et ses champs de velours côtelé marron. Elle l'appelle «Le plus beau de tous les pays».
Un soir, Judith a une idée. Peut-être que si elle fait tomber la neige dans le Plus Beau de tous les pays, il n'y aura pas classe le lundi. Lorsqu'elle ouvre les rideaux de sa chambre le lendemain, le monde par-delà sa fenêtre est devenu blanc. Un miracle, enfin, mais aussi beaucoup d'ennuis en perpesctive...
À travers le regard d'une petite fille élevée dans le dogme religieux et l'angoisse d'Armageddon, Grace McCleen s'interroge sur le Bien et le Mal, la foi et le doute. Dans ce premier roman, elle réussit avec grâce à mêler le frisson du suspense à la poésie de l'enfance.
«Un petit miracle à lui tout seul.»
Daily Mail
«Écrit avec autant de coeur que de force.»
Sunday Times
«Un livre extraordinaire et étrangement obsédant.»
The Financial Times
Mon commentaire: Voilà un roman qui m'a tenu captive durant une bonne semaine, sinon plus.. Très difficile à refermer mais en même temps, je souhaitais étirer le plaisir de lire ce roman si bien mené. Des sujets sûrement pas si faciles à traiter: La foi, le harcellement, la peur, le doute, les injustices, la confiance envers son père, Dieu, etc..
De grandes difficultés à traverser pour cette petite Judith de 10 ans, que j'ai trouvé tellement courageuse.
Le roman présente 3 personnages principaux. Judith, son père et Neil Lewis, petit emmerdeur et leader de sa classe, qui arrive à ses fins avec la violence, les mensonges et l'intimidation pour ses camarades de classe, mais Judith est sa victime favorite.
Tout au long du roman, la narratrice est Judith. Nous vivons avec elle nuit et jour. Chez elle, plus souvent dans sa chambre à revoir et à admirer, "le plus beau de tous les pays", sur le chemin de l'école, dans sa classe et le soir avec son père.
"Le plus beau de tous les pays" est celui qu'elle s'est construit avec des vidanges, des bouts de ficelle, des petites boîtes ramassées dans la cour de l'école. Lorsqu'elle est trop angoissée par les peurs que peut lui infliger Neil Lewis, elle vient s'asseoir par terre auprès de son monde qu'elle s'est créé.
Judith souffre de solitude. Sa mère est morte à sa naissance. Elle vit avec son père, qui n'est pas très bavard, dans une grande maison. Chaque jour se ressemble. Elle rentre de l'école, son père rentre du travail. Il soupe en silence, et la soirée est consacrée à la lecture de la bible. Triste vie pour une petite fille de 10 ans.
Alors, quelques fois, Judith s'adonne à des conversations intérieures avec Dieu. Elle croit qu'elle fait des miracles.. Mais son Dieu, n'est pas facile à comprendre, car elle entend aussi ses réponses, mais n'est pas toujours d'accord avec lui et ma foi, c'est vrai, qu'il n'est pas facile à comprendre par bout. Un dialogue qui peut devenir aliénant pour une petite fille.
Heureusement, arrive dans sa vie d'écolière, une nouvelle enseignante. Mme Pierce qui vient (enfin) remplacer Mr. David pour une période indéfinie. Mme Pierce ne s'en laisse pas imposer par Neil Lewis. Elle ne le lâche pas d'une semelle. Alors commencera l'intimidation pour Judith en dehors de l'école; soit autour de sa maison. Un vrai cauchemard, pour le père et la fille.
Jusqu'à la fin, on se demande comment toute cette situation va se régler? ... Y a-t-il une solution?
Non seulement un roman, mais des pistes de réflexions philosophiques, et la poésie de l'enfance qui s'ajoute. Je suis certaine que tout comme moi, vous aurez envie de vous attacher à Judith. Personnage de papier? A-t-elle vraiment existée un jour cette enfant. Je dirais que oui, sinon, dans le coeur de l'auteure.
Le roman présente un rythme assez rapide, pas vraiment de descriptions physiques des personnages. Quand même, on réussit à donner une forme à leur apparence à travers leurs gestes ou leurs mots. C'est la chronique quotidienne de Judith qui mène l'histoire.
On tourne les pages. Les chapitres sont courts. On veut savoir quelle sera la conséquence de ce qui vient de se passer. On pense que la paix va revenir, et bien non! Entre petits miracles et déceptions, la vie continue.
Conséquament, le début de l'histoire entraîne réellement un effet 'domino' du début à la fin. En tournant la première page, vous tournerez toutes les autres jusqu'au dernier domino tombé! Est-ce que j'ai réussi à vous convaincre? :)
Le début du livre -
La chambre vide
"Au commencement était une chambre vide, un peu d'espace, un peu de lumière, un peu de temps.
J'ai dit: «Je vais créer les champs», et je les ai créés avec des sets de table, de la moquette, du velours côtelé marron et de la feutrine. Puis, j'ai créé des rivières à l'aide de papier crépon, de film plastique et de papier d'aluminium, et des montagne avec du papier mâché et de l'écorce d'arbre. Alors j'ai regardé les champs, et j'ai regardé les rivières, et j'ai regardé les montagnes, et j'ai vu que cela était bon."
* * *
Un extrait particulièrement joli:
«Le monde était bleu et jaune, scintillant comme un diamant, et l'air était si froid qu'il me brulaît les narines. Le profil de la montagne semblait avoir été dessiné avec une pointe d'épingle.
Un rouge-gorge s'est perché sur une branche du cerisier et s'est mis à chanter. Les petites notes glacées, telles des billes de plomb, cascadaient autour de moi.» p. 274
Des pages à réflexions -
Page 254 - Poussières et étoiles
Page 257 - Un champs de maïs
Page 272 - La matière vive
«Née au pays de Galles en 1980, Grace McCleen a grandi au sein d'une famille de chrétiens fondamentalistes où le contact avec le mnde extérieur était rare. Avec ce premier roman, lauréat du prix Desmond-Elliot, elle a été sélectionnée par le Sunday Times comme l'un des quatre auteurs les plus prometteurs de 2012.
(Petite synchronisation: Mon prochain billet est un recueil de nouvelles de Amoz Oz.
On peut voir un roman du même auteur sur le bureau de l'écrivaine.
Or, pour moi, c'est une première lecture de cet auteur. )
Version originale éditée en 2012