La couleur du lait
Neil Leyshon
Ici, une édition de Québec-Loisirs
Publié d'abord chez Phébus
2014
V.O. en 2012
Littérature Royaume-Unis
175 pages
Quatrième de couverture
«En cette année 1831, Mary, une jeune fille de quinze ans, entame le tragique récit de sa courte existence: un père brutal, une mère insensible, en bref une banale vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset.
Simple et franche, mais lucide et entêtée, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu'on l'a envoyée chez le pasteur Graham, pour servir et tenir compagnie à son épouse, une femme fragile et pleine de douceur. Avec elle, elle apprend la bienveillance. Avec lui, elle découvre les richesses de la lecture et de l'écriture... mais aussi l'obéissance, l'avilissement et l'humiliation.
Finalement, l'apprentissage prodigué ne lui servira qu'à écrire noir sur blanc sa fatale destinée. Et son implacable confession.
***
Mon commentaire
Une petite perle que ce court roman.
Mary sait observer le moindre petit changement dans la nature qui l'entoure. C'est ainsi puisque sa nature même frôle presque celle des animaux. Toutefois, Mary est très perspicace. Perspicace, justement parce que son univers est tout petit. Il est limité aux travaux de la ferme, aux carences affectives de la part des membres de sa famille qui sont tous carencés eux-même. Chacun vit sa journée du matin au soir et sans horloge. La faim qui gargouille dans leur ventre annonce l'heure des repas, la lumière fait le reste.
Le seul lien affectif valable qu'a Mary, vient de son grand-père qui couche dans le hangar aux pommes. C'est qu'il est devenu vieux et condamné à rester dans un fauteuil roulant. Il n'y a que Mary qui sait bien s'en occuper.
Pourtant, un jour, elle devra quitter la ferme contre son gré, pour aller travailler chez le révérand. Elle doit s'occuper de sa femme malade. C'est grâce au révérand qui la trouve intelligente qu'elle peut écrire le récit qui est écrit dans ce livre.
Sans majuscule nulle part, les lignes courts sous nos yeux affamés d'en savoir toujours plus. Même s'il y a absence de trait pour aviser qui parle, on comprend très bien les dialogues. Ce qui ajoute au style d'écriture un attrait. On retrouve la simplicité de Mary.
La fin est choquante et injuste. C'est tout ce que je peux vous dire.
Mais si vous rencontrez ce roman, lisez-le!
Un livre qui ammène une réflexion entre le 'peu' et le 'trop'. On apprend à travers la philosophie de Mary, que le 'peu' malgré les problèmes qu'il comporte, ne rend pas si malheureux.
Quant au 'trop' de la maisonnée du révérand, il apporte du confort, mais aussi d'autres sortes de problèmes.
Un livre à lire absolument! Ne serait-ce que pour les réparties logiques, simples et parfois hilarentes de Mary. Avec sa vérité toute crue, ce n'est pas rare qu'elle dit tout haut, ce que les gens pensent tout bas, mais comme ce n'est pas poli à dire, on ne dit pas. Mary elle, l'écrit telle que ça s'est passé!
Toute la vérité, rien que la vérité.
Cette sorte de confession s'étale sur les quatres saisons.
Nell Leyshon est née à Glastonbury, dans le comté du Dorset au Royaume-Uni. Après des études de littérature anglaise à l’université de Southampton, elle s’est fait connaître par ses pièces de théâtre enregistrées pour la BBC. Son premier roman, paru en 2004, Black Dirt figurait sur la liste de l’Orange Prize. Devotion et The Voice ont remporté un franc succès. Publié en 2012, La Couleur du lait est la première œuvre de Nell Leyshon à être traduite en français.