Rose et ses soeurs
Les Éditions Belfond
2016
348 pages
Quatrième de couverture
Des bas-fonds de Southampton à un village isolé du Suffolk, de 1913 au début des années 70, un roman évocateur, l'émouvante histoire de trois soeurs hantées par les liens du sang et du secret.
Pour Vivian et Nellie Marsh, le décès de Rose, leur soeur aînée, sonne à la fois comme un malheur et une libération. Certes, les deux jeunes femmes voient disparaître leur pilier, celle qui les a élevées à la mort de leurs parents, mais n'est-ce pas aussi l'occasion de s'affranchir d'une tutelle parfois étoufante?
L'arrivée d'un homme vient remettre en question ce qui les unissait et compromettre la promesse faite à Rose de rester toujours soudées et de se garder des tourments du coeur.
Vingt ans plus tard, un événement va provoquer les retrouvailles de Vivian et Nellie. Et les deux soeurs n'ont d'autre choix que de retourner là où tout a commencé, dans ce petit cottage de campagne.
L'occasion de replonger dans l'histoire familiale, de comprendre enfin de quoi Rose cherchait tant à les protéger et découvrir son secret, un secret si lourd qu'il continue de peser sur les femmes de la famille Marsh...
*
Mon avis
Je viens de terminer ce roman sur une touche mélodieuse remplie de promesse, d'espoir et de longévité. L'auteure a créé un savant portrait de la réalité à travers cette famille de femmes de génération en génération.
De beaux personnages attachants dans un coin de campagne au bord d'une rivière.
Vraiment une belle découverte pour moi que cette Amanda Hodgkinson. Un roman trouvé au gré du hasard comme j'en ai souvent l'occasion en furetant entre les rayons de la bibliothèque. Une très belle plume!
Dès la première ligne, je me suis laissé prendre par le récit de la vie des trois soeurs réunies et vivant en recluse dans un petit cottage isolé dans la campagne. Elles vivent presque comme des sauvageonnes. Ça raconte l'histoire de Nelly et Vivian, élevées par leur grande soeurs Rose. Celle qui les a fait promettre avant de mourir de ne jamais se marier. De toujours rester ensemble.
Mais la vie passe et chacune feront leur vie de leur côté. Iront de découvertes en découvertes et auront à leur tour des enfants..
Je pense que tout est dans la finesse de l'écriture. Une écriture toute en image et en souplesse. Pour tous ceux et celles qui aiment contempler la vie toute simple, où la nature est omniprésente.
Je ne me suis pas ennuyée une minute. On s'attache à Vivian et Nellie et plus tard à Birdie.
Une traversée de 1913 à 1970.
Vous pouvez feuilleter le livre ICI
Née en Angleterre dans le Somerset, Amanda Hodgkinson vit dans le sud de la France, où elle est chroniqueuse pour la Dépêche du Midi.
22 Britannia Road (Belfond 2012; Pocket 2013), son premier roman très remarqué, a été sélectionné sur les listes des meilleurs romans de 2011. Rose et ses soeurs est son deuxième roman à paraître chez Belfond.
Traduit de l'anglais par Marieke Merand-Surtel.
C'est certain que je vais lire son premier roman: 22 Britania Road.
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Extrait page 82 - "Elle rassembla branches et bouts de bois, dressa une pile de bûches plus haute qu'elle. Dans le verger, des touffes de perce-neiges semblables à de la cire fleurirent, et Vivian en cueillit des bouquets dont elle emplit le cottage. Pots et vieilles boîtes de conserves débordants de fleurs blanches s'alignaient sur les marches de l'escalier, les étagères et les rebords de fenêtre. Ils luisaient telles des centaines de minuscules bougies. Vêtue de la robe rouge que lui avait donné la femme du pasteur, Vivian préparait sa maison pour l'enfant."
Extrait page 218 - "La ferme était entourée d'immenses champs de fleurs. Une rivière roulait au milieu, au-delà de laquelle poussaient davantage de fleurs encore. Birdie ne s'était pas du tout attendue à ça. Sa tante avait laissé entendre que l'endroit était sale et poussiéreux. Posée au coeur de ce patchwork de fleurs multicolores, la maison, ayant son toit de tôle ondulée noire, paraissait solide. Elle sentit son coeur tressaillir et se demanda si ce n'était pas le lieu le plus charmant qu'elle ait jamais vu. De plus, voilà où sa mère et sa tante avaient grandi. Peut-être était-ce pour ça qu'elle se sentait comme chez elle ici? "
Extrait page 302 - "Les peupliers bruissèrent, puis se turent. Il fixa l'eau. (...) Un poisson sauta pour attraper une mouche, et le mouvement soudain lui flanqua la trouille. Il vit une lueur argentée s'élever en ondulant dans l'air. Le poisson goba la mouche, pivota sur lui-même et retomba dans l'eau. Il disparut de sa vue, la surface miroitante de l'onde redevenue un reflet limpide du ciel, des nuages et des arbres. Framsden était rempli d'un sentiment de magie. Il était bouleversé d'avoir vu un poisson bondir, défiant sa nature aquatique pour s'élever vers son monde à lui.
Quelques instants plus tard, un lièvre brun traversa les champs de l'autre côté de la rivière. Il s'arrêta soudain de courir et s'accroupit, agitant ses grandes oreilles en tous sens. Framsden distingua ses yeux ambrés, la pointe d'un noir d'encre de ses oreilles. Puis il s'enfuit d'un bond. Est-ce que l'animal l'avait regardé? Sa grand-mère aurait dit que oui. Elle était née ici, comme lui.
"Toi et moi, on a en partage nos origines, lui avait-elle chuchoté comme un secret, un doigt posé sur ses lèvres. Nous sommes des enfants de la rivière."