Ici ça va
Alma éditeur
2012
135 pages
Quatrième de couverture: Un jeune couple s'installe dans une maison en apparence abandonnée. Leur idée? La rénover. Tandis qu'elle chantonne et jardine, lui, à pas prudents, essaie - en remuant les murs et la poussière - de retrouver ses souvenirs dans ce lieu qu'il habita enfant, avant que la mort soudaine du père coupe le temps en deux.
Dans ce paysage d'herbes folles et de rivière, ce sont les gestes les plus simples, les évènements les plus ordinaires qui vont réenclancher la vie.
La petite voisine, la canne à pêche, les ragondins, le mélodica, le frère... Dans ce roman, aérien et grave, Thomas Vinau aborde avec la légèreté d'un peintre d'estampes la douleur de l'absence, la fragilité de l'existence, l'art du recommencement.
Mon avis: Comme vous pouvez voir l'ourson, vous comprendrez que c'est un gros coup de coeur pour moi. Une écriture dépouillée mais très imagée. Vraiment son écriture se rapproche de celle de Jacques Poulin que j'adore.
Voici ce qu'il nous écrit à la page 135, après que soit terminé son roman.
"Les livres se tiennent la main. Entre eux je veux dire. Les livres se rencontrent, s'aiment, se quittent. Les livres correspondent. Communiquent. Ils s'écrivent. Ils s'envoient des courriers, des télégrammes. Des lettres du front. Ici ça va est une lettre du front. C'est par ces mots que je commencerais une lettre si j'étais loin, que j'allais bien et que je voulais rassurer quelqu'un. C'est par ces mots que je commence la plupart de mes lettres en fait. Du moins depuis quelques années. Ici ça va, est l'histoire d'une reconstruction, d'une rénovation. D'une remise à jour dans le sens d'un retour à la lumière. C'est l'histoire d'une rivière, d'une maison, de deux personnes qui s'aiment, debout, d'une histoire familiale, d'un homme qui se sert de derrière pour regarder devant. C'est un livre qui a la prétention de l'aube, de l'horizon, du recommencement. Un livre comme certains matins. Parfois. Un livre qui veut croire. Je l'ai écrit naturellement (et il n'y a pas beaucoup de choses que je fasse naturellement) après Nos cheveux blanchiront avec nos yeux. Ce n'est pas une suite, mais il lui succède. Il achève. Comme un enfant achève de devenir adulte. Et les bonnes fins sont toujours des débuts." Thomas Vinau
Je décrirais ce livre, de petites tranches de vie. Des matinées, des nuits, des jours, des moments, qui ressemblent au quotidien. Des phrases simples mais sûrement recherchées, travaillées, ciselées. Des pages remplies au 2/3 parfois qui débordent sur la page d'à côté, mais jamais plus que 5 lignes.
Un extrait p. 26 -
"Ema passe la grande majorité de ses journées au potager. Elle plante toutes sortes de graines. Des fleurs, des légumes, des plantes aromatiques. Les semis sont déjà sortis. Elle a fait un coin compost et posé une barrière autour de la terre labourée. Je lui ai installé un énorme bidon près de la gouttière pour récupérer les eaux de pluie. Nous devrions déjà commencer à chercher du travail pour cet hiver mais nous ne nous sentons pas encore prêts. Il nous reste un peu de quoi voir venir. Et puis nous avons des choses à faire ici. Nos marques à trouver. Nos nouveaux repères. Notre ancienne vie s'éloigne tranquillement comme une barque portée par le courant. Nous sommes sur la berge. Sereins. L'eau coule à nos pieds et va se perdre loin devant. Nous retrouvons quelque chose. C'est confortable. Rassurant. Je ne sais pas exactement ce dont il s'agît."
*
*
Une belle découverte pour moi! Merci Mirontaine :)