Pourquoi être heureux quand on peut être normal?
Éditions de l'Olivier
2012
266 pages
Quatrième de couverture: Pourquoi être heureux quand on peut être normal? Étrange question, à laquelle Jeanette Winterson répond en menant un existence en forme de combat. Dès l'enfance, il faut lutter: contre une mère adoptive sévère, qui s'aime peu et ne sait pas aimer. Contre les diktats religieux ou sociaux. Et pour trouver sa voie.
Ce livre est une autobiographie guidée par la fantaisie et la férocité, mais c'est surtout l'histoire d'une quête, celle du bonheur. "La vie est faite de couches, elle est fluide, mouvante, fragmentaire", dit Jeanette Winterson. Pour cette petite fille surdouée issue du prolétariat de Manchester, l'écriture est d'abord ce qui sauve. En racontant son histoire, Jeanette Winterson adresse un signe fraternel à toutes celles - et à tous ceux - pour qui la liberté est à conquérir.
Mon avis: Hier soir, j'ai terminé la lecture de cette captivante autobiographie qui me fut suggéré par Lily (la soupe aux cailloux).
J'écris 'captivante' de par le réalisme du récit. On ne tombe pas dans le sensationnalisme. Le destin de Jeanette qui a pris un chemin rempli d'embûche de cailloux, raconté avec une savante introspection. Tout son être était constamment brisé par sa mère adoptive. Jeanette Winterson a cherché l'amour longtemps. Heureusement, il y avait les livres, qui furent je crois sa maison, son antre. Avec une mère dépressive et 'folle' d'un Dieu vindicatif et méprisant.. Jeanette a cotoyé la souffrance psychologique toute son enfance et sa jeunesse. Sa mère se défendait d'être heureuse.
En fait, le livre est divisé en trois parties sous-entendues: Le temps passé avec sa mère adoptive qu'elle nomme tout le long, Mrs Winterson. La deuxième partie raconte la liberté qu'elle tente de s'approprier, en étudiant la littérature, en vivant son homosexualité et la troisième partie est la recherche de sa vrai mère qu'elle croyait morte.
J'ai noté des passages qui m'ont touché...
"Pour moi, les livres sont un foyer. Les livres ne font pas un foyer - ils le sont, dans le sens où de même que vous les ouvrez comme vous ouvrez une porte, vous entrez dedans. À l'intérieur, vous découvrez un temps et un espace différents.
Ils s'en dégage aussi de la chaleur - comme un âtre. Je m'assois avec un livre et je n'ai plus froid. Je le sais depuis les nuits glacées passées dehors." p. 79
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"Je crois que Mrs Winterson a été lettrée, à une époque. Quand j'avais autour de sept ans, elle m'a lu Jane Eyre. Le livre était jugé convenable parce qu'il y avait un pasteur - St John Rivers - qui souhaitait ardemment devenir missionnaire.
Mrs Winterson lisait à voix haute, tournait les pages. Il y a cet incendie terrible à Thornfield Hall lors duquel Mr Rochester perd la vue, mais dans la version de Mrs Winterson, Jane se désintéresse de son amant désormais aveugle; elle épouse St-John Rivers et ils partent ensemble dans une mission. Il m'a fallu attendre de lire moi-même Jane Eyre pour découvrir ce qu'avait fait ma mère.
Et elle était si douée pour inventer le texte dans le style de Charlotte Brontë au fur et à mesure qu'elle tournait les pages.
Le livre a disparu quelques années plus tard - peut-être ne voulait-elle pas que je le lise.
J'ai supposé qu'elle cachait les livres comme elle cachait tout le reste, y compris son coeur, mais notre maison étant minuscule, je l'ai passé au peigne fin. L'une comme l'autre n'arrêtaient pas de mettre la maison sens dessus dessous. Était-ce pour trouver les preuves qui nous accableraient mutuellement? Je crois que oui - elle parce que je lui étais fatalement inconnue et qu'elle me craignait. Moi parce que je n'avais aucune idée de ce qui manquait mais sentais ce manque dans le manque. " p. 125-126
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Une bonne lecture, parfois choquante mais avec de l'espoir au bout du compte.