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La maison de Millie
15 décembre 2012

Une balade dans la neige par Rosamunde Pilcher

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Une magnifique toile du peintre Robert Duncun:  source ici

et un extrait d'une nouvelle de Roasamunde Pilcher sur 'Le sens des proportions'  

 

Le début...afin de se situer... Antonia revient passer le Week-end chez ses parents à la campagne.  Une tempête de neige a coupé l'électricité.    

" Antonia, encore à moitié endormie, ouvrit les yeux.  La chambre étant plongée dans l'obscurité, elle se crut d'abord dans son appartement londonien.  Puis, elle prit conscience de certains détails:  aucun bruit de circulation, pas de lumière filtrant à travers les rideaux mal ajustés, pas de couette remontée par dessus ses oreilles.  Au contraire, une obscurité totale, le silence et un froid extrême.  Des draps de lin serrés autour de son corps et une odeur de lavande.  Elle sut alors qu'on était samedi matin, à la fin du mois de janvier, et qu'elle ne se trouvait pas à Londres mais chez elle, à la campagne, pour le week-end.

   Sa mère avait semblé un peu surprise quand elle lui avait téléphonépour lui dire qu'elle arrivait.

   -  Je serai heureuse comme tout de te voir.  Mais est-ce que tu ne risque pas de t'ennuyer?  C'est la morte saison et nous avons un temps épouvantable.  Le vent souffle en tempête et il fait un froid de canard.  Je suis sûre que nous allons avoir de la neige.

   

    -  Je vais prendre le train si papa peut venir me chercher à la gare, ajouta-t-elle.

    -  Bien sûr qu'il viendra, dit sa mère.  La même heure que d'habitude...Je vais tout de suite monter faire ton lit.

    Madame Ramsey ne s'était pas trompée dans ses prévisions.  Il s'était mis à neiger au moment où le train quittait la gare de Paddington et cela avait continué pendant toute la durée du trajet.  Quand il s'était arrêté à Cheltenham, le quai était enfoui sous cinq centimètres de neige.  Le père d'Antonia portait des bottes en caoutchouc avec le vieux  manteau en tweed doublé de lapin qui avait appartenu à son grand-père et qu'il ne mettait que les jours de grand froid.

   Ils avaient eu du mal à rentrer chez eux. Mais ils étaient quand même arrivés à bon port - pour se trouver plongés dans le noir au moment où ils s'apprêtaient à se mettre à table.  Le père d'Antonia avait allumé des bougies Ils avait donc passé la soirée à la lueur des bougies, près de la cheminée, à faire des mots croisés en remerciant le ciel que le fourneau marche, ce qui leur avait permis de faire chauffer l'eau pour les bouillottes et de boire quelque chose de chaud avant d'aller se coucher.

   Et maintenant, le lendemain matin...C'était toujours la même obscurité, le silence et le froid.  Antonia posa une main glacée sur l'interrupteur de sa lampe de chevet et appuya, mais rien ne se produisit.  Il ne lui restait plus qu'à allumer le bout de bougie qui lui avait permis de se coucher la veille.  Elle fut toute surprise de découvrir en l'approchant du réveil qu'il était neuf heures.  Bien qu'elle n'en eût nulle envie, elle repoussa les couvertures et fit quelque pas dans la pièce glaciale.  Puis, elle ouvrit les rideaux et aperçut la blancheur de la neige. Un lapin avait traversé la pelouse, laissant ses empreintes dans la neige, une série de petit point aussi réguliers que ceux d'une machine à coudre.  Toute frissonnante, Antonia passa les vêtements les plus chauds qu'elle put trouver et après s'être brossé les cheveux et les dents à la lueur de la bougie, descendit au rez-de-chaussée.

   La maison semblait déserte.  Aucun bruit ne venait troubler le silence.  Pas de machine à laver la vaisselle ou le linge, pas d'aspirateur .. Mais quelqu'un avait allumé un feu de charbon dans la cheminée de l'entrée et les flammes dansant dans l'âtre rendaient la pièce accueillante. 

   Cherchant de la compagnie, Antonia se dirigea vers la cuisine.  Il faisait aussi chaud dans cette pièce que dans l'entrée. 

   -Chérie! s'écria sa mère en levant les yeux.  C'est affreux, non?  Nous n'avons toujours pas d'électricité.  Tu as bien dormi, au moins?"

***

   Voici le passage que j'ai choisi...Une belle idée sur 'Le sens des proportions'

(Quand j'avais lu cette nouvelle, j'avais copié à la main, un bout de ce texte, que j'ai conservé dans un dossier qui rassemble des textes de romancier(e)s qui m'ont touchée, soit par leur sens ou par la beauté de l'écriture.)  

   "Mme Ramsay appartenait à une famille de cinq enfants et avait grandi dans un coin perdu du pays de Galles.  Sa mère vivait encore là-bas.  Indépendante et pleine de vitalité, elle s'occupait de ses poules, faisait des conserves de fruits, bêchait son potager et quand la nuit ou le mauvais temps l'obligeaient à rester chez elle, tricotait de grands pulls un peu irréguliers pour tous ses petits-enfants.  Séjourner chez elle avait toujours été un plaisir et une sorte d'aventure, car on ne savait jamais exactement ce qui allait se passer.  La vieille dame avait transmis à sa fille une grande partie de son enthousiasme et de son énergie.

   -  À quoi pensais-tu donc? demanda Antonia, intéressée par les souvenirs de sa mère ...

Madame Ramsay hocha la tête.

   -  C'est dur à expliquer...C'est lié au fait de ne plus avoir d'appareils ménagers et plus de chauffage dans les chambres.  Et aussi à cette odeur de charbon...Nous avions un fourneau dans la cuisine et cela nous permettait de faire chauffer l'eau du bain, mais chaque semaine nous étions obligés de faire la lessive dans une immense lessiveuse qui se trouvait dans l'arrière-cuisine.  Tous les enfants donnaient un coup de main, nous étendions les draps sur des cordes à linge et quand ils étaient secs, nous les repassions chacun notre tour.  L'hiver, il faisait si froid dans la maison que nous nous habillions dans le placard qui servait à faire sécher le linge car c'était le seul endroit à peu près chaud.

   -  Mais Granny a l'électricité, maintenant.

   -  Bien sûr, mais il a fallu attendre longtemps pour qu'elle arrive jusqu'au village.  Le soir, la rue principale était éclairée mais passé la dernière maison, il n'y avait plus aucune aucune lumière.  J'étais très amie avec la fille du pasteur et quand j'allais prendre le thé chez elle, il fallait que je rentre à la maison toute seule.  La plupart du temps, ça ne me gênait pas mais certains soir d'hiver, quand la nuit était tombée, qu'il bruinait ou qu'il y avait du vent, je voyais partout des fantômes et j'arrivais à la maison en courant comme si tous les monstres de la Création étaient à mes trousses.

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Ma mère savait que j'étais terrifié mais elle disait qu'il fallait que j'apprenne à être indépendante et à ne compter que sur moi-même.  Lorsque je lui parlais des fantômes et des monstres, elle me répondait qu'il fallait marcher lentement, regarder les arbres et le ciel infini.  Je me rendais compte alors, disait-elle, que j'étais microscopique et à quel point mes minuscules frayeurs étaient injustifiées.  Et le plus étonnant, c'est que ça marchait.

Tout en parlant, Mme Ramsay n'avait pas cessé de plumer la poule faisane.  Elle releva soudain la tête et regarda sa fille dans les yeux.

   -  Je continue à faire ça, reprit-elle.  Chaque fois que je suis malheureuse ou inquiète.  Je quitte la maison, je vais dans un endroit calme et je regarde les arbres et le ciel.  Et au bout d'un certain temps, je me sens mieux.  Je suppose que cela remet les choses d'aplomb et qu'on retrouve alors le sens des proportions.

   Le sens des proportions.  Antonia réalisa soudain que sa mère avait compris que cela n'allait plus du tout entre elle et David.  Mais au lieu de la consoler, elle se contentait de lui donner un conseil.  Regarde en face les fantômes de la solitude, les monstres de la jalousie et de la souffrance.  Ne compte que sur toi-même.  Et ne te sauve pas." p.524

***

Ici, j'ai voulu réunir deux cultures: L'univers de la romancière Rosamunde Pilcher (l'écriture) et les magnifiques paysages de Robert Duncun, peintre de l'Utah et sa belle campagne, illustrée sous tous les angles, sous toutes les saisons.  Pour moi il peint le bonheur tranquille, le quotidien.. les enfants partout.  J'admire ce peintre découvert un matin par hasard. Un cadeau!!!

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Quant à Rosamunde Pilcher et son Écosse, sa Cornouaille, je trouvais que ces deux-là se complètent merveilleusement malgré leur origine.   Aujourd'hui, je me fais plaisir en espérant que le plaisir soit partagé.

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Commentaires
R
Ça marche, tous mes coms sont revenus !! <br /> <br /> Passe une très belle journée !
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M
@Rose, Ah tu y es! Dans mes commentaires tu étais classé dans Message "en attente de validation" ??? Mais j'en ai perdu un.. Alors bon retour sur la blogosphère! :)<br /> <br /> Tu reviens dans mon univers en même temps que Heïdi (la suite) dont j'ai commencé la lecture voilà 2 jours!!
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R
Bonjour Milly,<br /> <br /> je re-fais une tentative pour laisser un message chez toi car mon message de l'autre jour n'est pas passé ! Mais du coup en cherchant j'ai retrouvé "Fondant au Chocolat" que j'avais perdue dans les couloirs des blogs !<br /> <br /> Merci pour ton passage chez moi et bonne soirée
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S
Je note, je note. Merci gentille dame.
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M
@Suzanne, Merci:) Celui-ci et Solstice d'hiver sont mes deux favoris, après vient 'Les pêcheurs de coquillages.. une histoire de tableaux et de famille... Ce sont des petits voyages littéraire en Écosse ou en Cornouaille assurés!! :)
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